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Une sécheresse qui pourrait submerger l’élevage

Le degré d’inquiétude grimpe comme le thermomètre en ce début mai dans la campagne cantalienne. Le spectre d’une nouvelle grave sécheresse est dans tous les esprits.

Si elle se confirme, la sécheresse pourrait finir de fragiliser une agriculture locale déjà affaiblie.
Si elle se confirme, la sécheresse pourrait finir de fragiliser une agriculture locale déjà affaiblie.
© P.O.

Les yeux rivés au ciel ou sur les sites de prévisions météo, comme en plein mois de juillet ou d’août. Sauf que le calendrier n’affiche pour l’heure que le 9 mai. Pour nombre d’agriculteurs cantaliens, l’attente de millimètres régénérateurs pour les sols et la pousse d’herbe a laissé place à une inquiétude grandissante. Et si 2003 est encore dans toutes les mémoires, certains n’hésitent plus à évoquer les similitudes de ce printemps 2011 avec les mois avant-coureurs de la grande sécheresse de 1976. “Avec un printemps sec et froid le matin (il a gelé encore quasiment chaque jour de la semaine dernière), c’est le pire des scenarii”, avance Didier Nureau, conseiller à la Chambre d’agriculture en poste à Mauriac. Des petits matins frisquets, des déficits pluviométriques déjà conséquents et ce vent de sud-est qui balaie en peu de temps le bénéfice des rares orages qui ont pu humidifier certaines parcelles : aux quatre coins du département, le constat est le même et les perspectives de récolte indéniablement hypothéquées.

Des premières coupes amputées de 50 %

 

“Il manque de la marchandise ; là où c’est le plus flagrant, c’est sur les pâtures et les prairies naturelles ensilées, remarque Claude Bonnet, producteur de lait sur Belbex. Et pour ceux qui sont en système déprimage c’est encore plus catastrophique.” Plus au sud, autour de la petite Nice maursoise qui porte décidément bien son nom, les pertes sur les premières coupes d’herbe varient entre 30 et 50 %. “En moyenne il n’a plu que 20 mm sur toute la Châtaigneraie depuis un mois et demi”, commente Sylvain Caumon, agriculteur en bio sur Leynhac, qui s’estime chanceux avec les 30 mm récemment apportés par un orage, forcément localisé. Reste que le secteur, notamment en bordure aveyronnaise, subit ces dernières années des sécheresses à répétition. Conséquences : les maigres stocks de fourrage sont bientôt épuisés et chacun se demande comment il va nourrir son troupeau dans les mois à venir. Sur les Monts du Cantal, la situation n’est guère plus réjouissante, après deux années où il a fallu composer avec les ravages d’un autre fléau : les rats taupiers. “On est déjà dans certains endroits en rupture de pâturage. Ce qui nous préoccupe aussi, c’est la paille”, témoigne Cédric Viallemonteil, jeune éleveur installé à Sourniac et secrétaire général des JA. Les céréales qui sont en train d’épier semblent promises elles aussi à pâtir du manque d’eau. À l’est, les éleveurs s’interrogent : faut-il faucher tout de suite l’herbe - en avance de trois semaines - pour recueillir un fourrage de qualité mais en faible volume ou attendre l’épiaison avec une valeur fourragère réduite ?

 

Le “coup de trop” pour l’élevage

 

Ici comme ailleurs dans le département et les zones d’élevage, en général, c’est donc la question de la disponibilité en fourrage et paille qui est au cœur des préoccupations, à juste titre. Le Cantal s’approvisionne d’ordinaire dans le Centre de la France (Indre, Vienne....), des départements eux aussi au régime sec et qui plus est soumis à une forte demande locale. D’où le récent appel des Éleveurs des races à viande du grand Massif central en faveur de l’interdiction du broyage de la paille. “On est effectivement inquiet d’autant que cette situation est générale en France, que ça va donc être difficile de s’approvisionner. Qui dit peu de disponibilités, dit de la marchandise très chère. Or, ça tombe sur des exploitations structurellement très faibles au moins en trésorerie”, analyse de son côté Louis-François Fontant, président de la Chambre d’agriculture. Non sans rappeler que plus globalement, l’économie agricole cantalienne vit des heures sombres depuis trois ans, notamment son élevage bovin allaitant. “On a eu massivement recours à des plans de soutien, du dépannage qui s’est traduit par de l’emprunt à court ou moyen terme. Rajoutez aujourd’hui un emprunt sécheresse, ça fait très peur”, poursuit le président, qui se refuse pour autant à tout catastrophisme. Les pluies annoncées cette fin de semaine pouvant encore rétablir les équilibres pour les prairies de pâture par exemple. N’empêche, après l’épisode sanitaire de la FCO et son impact commercial, l’invasion des rats taupiers, le marasme qui agite le marché de la viande bovine, les envolées erratiques des coûts de production, l’élevage cantalien ne peut se permettre une autre calamité. “Mai amène tout ou emmène tout” : reste à espérer que seule la première partie du dicton ne se réalise.

 

 

 

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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