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Une “méditerrannéisation” du climat du Massif central d’ici 2050

Avec des différences notables selon les territoires, le Massif central devrait connaître des évolutions climatiques sensibles. Le colloque AP3C à Vetagrosup a exploré les différents scenarii.

À venir : une concentration des précipitations avec des épisodes plus intenses plus tôt en saison et des périodes de sécheresse plus longues entre les passages pluvieux.
À venir : une concentration des précipitations avec des épisodes plus intenses plus tôt en saison et des périodes de sécheresse plus longues entre les passages pluvieux.
© P.O.

Qu’on le veuille ou non, le changement climatique est une réalité. Et qui d’autres que ceux qui sont en prise directe avec le climat peuvent s’en rendre compte. Depuis 2015, le Service interdépartemental pour l’animation du Massif central (Sidam), épaulé par différents partenaires dont des instituts techniques, explore les relations entre agriculture et évolution climatique. Les premières conclusions ont été rendues, mardi 4 juillet, à l’occasion d’un colloque intitulé “Le changement climatique : quels impacts pour les exploitations agricoles et le territoire du Massif central”. “On sait qu’il existe une relation étroite entre agriculture et climat puisqu’elle participe aux émissions de gaz à effet de serre mais est aussi capable de stocker du carbone”, schématise Léa Geneix, chargée de mission Sidam qui exhorte à aller vers “des systèmes plus résilients et plus durables”.

Volonté des acteurs agricoles à anticiper les évolutions

Car oui, le changement climatique se conjugue au présent. “Les changements climatiques sont déjà visibles, note Olivier Tourand, élu creusois référent du projet AP3C (Adaptation des pratiques culturales au changement climatique). Il existe une volonté des acteurs du monde agricole à ne pas subir les évolutions mais à les anticiper.” Un avis partagé par Bruno Dufayet, président de la Confédération nationale de l’élevage et de la FNB, pour qui “il n’y a pas de place pour les climato-sceptiques puisque, grâce à un chiffrage concret, on sait que les changements sont là. La prise de conscience est réelle. Les enjeux bien circonscrits”.

Juin 2040 : comme juillet 2005

Pour autant, tous les territoires ne sont pas impactés de la même manière, d’où “la nécessité de comprendre au niveau local ce qui est en train de se passer”, selon les mots de Frédérique Gomez, commissaire de Massif. C’est à Vincent Cailliez, climatologue à la chambre d’agriculture de la Creuse, détaché sur le projet AP3C, qu’est revenue la tâche de délivrer des tendances à la fois thermiques et hydriques. “On note d’abord une élévation des températures moyennes au printemps et une certaine stabilité à l’automne. On peut ensuite s’attendre à une forte évolution du nombre de jours chauds. Ainsi, un mois typique de juin 2040 ressemblera à un mois typique de juillet 2005. Enfin, on assistera sans doute à une augmentation de la variabilité avec un maintien des phénomènes de risque de gel tardif de printemps et précoce d’automne.” Le climatologue annonce également “une concentration des précipitations avec des épisodes plus intenses plus tôt en saison et des périodes de sécheresse plus longues entre les passages pluvieux”. En substance, il décrit un phénomène de “méditerrannéisation” du Massif central “rapide et irréversible”.Pousse de l’herbe plus précoce mais stoppée en été. Les pluies ne seront donc, peut-être, pas nécessairement moins nombreuses mais elles seront différemment réparties, alors que les températures elles, seront globalement plus élevées. D’où l’urgence à dégager des pistes de travail. “Nous avons voulu, sur cette thématique, que la profession soit précurseur. Nous devons avoir des hypothèses de travail ambitieuses pour dégager des solutions à la fois économiques et environnementales”, cadre Tony Cornellissen, président du Sidam. Derrière le changement climatique se profile évidemment de nouveaux paradigmes agronomiques, détaillés par Marie Tissot, de la chambre d’agriculture de Lozère, coordinatrice du projet AP3C : “La pousse de l’herbe sera sans doute plus précoce et plus rapide en plaine et il y a fort à parier qu’il y aura un arrêt de pousse durant l’été. Cela obligera sans doute les agriculteurs à favoriser les mélanges variétaux pour assurer une souplesse de récolte et à assurer un affouragement en été.” Aux cultures de céréales, la spécialiste prédit “une reprise de la végétation plus précoce, un risque de gel maintenu et un échaudage important”. Il sera alors utile d’opter pour des choix de variétés avec un fort besoin de vernalisation “afin de limiter l’impact du gel à la reprise de la végétation”, d’avancer les dates de récolte ou encore de multiplier les faux semis…

Sortir de la victimisation

Ces premières conclusions ne sont bien sûr que des projections et des hypothèses, qui mériteront d’être confrontées aux travaux menés par les instituts techniques et l’expertise du terrain des agriculteurs. Car dans les fermes, les modifications sont déjà visibles. L’adaptation inéluctable. Bruno Dufayet propose de sortir de l’aspect “contraignant” et victimisant du changement climatique et invite à une “connexion entre les attentes des consommateurs et du monde politique et la capacité du monde agricole à y répondre”. Même son de cloche pour Richard Moine, agriculteur à Dompierre-sur-Besbre (Allier) et élu à la Chambre d’agriculture, qui rappelle que “la réglementation nous contraint à adopter des pratiques dites d’agro-écologie dont nous pouvons tirer des bénéfices”. Nul doute que les évolutions climatiques offriront des opportunités dont les agriculteurs sauront s’emparer.

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