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Un trésor mis à jour dans l'église de Yolet

Un tombeau et un enfeu monumental du XVe siècle ont été découverts à l'occasion de travaux de rénovation.

M. Gouze dans l'enfeu dont les parties supérieures ont été repeintes.
M. Gouze dans l'enfeu dont les parties supérieures ont été repeintes.
© P.Olivieri

On connaissait Yolet pour ses oies, pour son tristement célèbre bourreau révolutionnaire, alias Carrier de Nantes dont la maison natale est encore visible dans le bourg, elle pourrait bientôt l'être pour un trésor révélé à l'occasion des travaux de rénovation de son église paroissiale Saint-Pierre. Un trésor qui aurait pu rester caché ad vitam æternam ou des siècles durant sans le coup de chance et la perspicacité de Dominique Gouze, dont l'entreprise intervient sur le chantier de l'église fortement remaniée au XIXe siècle. En septembre, au début des travaux, Dominique Gouze est sollicité par le maître d'oeuvre, l'architecte  aurillacois  Jean-François Porcher, pour refaire un emmarchement sur la chapelle nord-ouest de l'édifice religieux. Il met alors à jour les parties basses d'un tombeau dont la qualité de taille de la pierre et des sculptures (sur les bases de colonnettes prismatiques) font dire à l'architecte des Bâtiments de France, Régis Delubac, contacté par l'entreprise, qu'il s'agit là des vestiges d'une tombe privilégiée, "d'un enfeu monumental sans équivalent connu dans le Cantal ni en Auvergne".


Un tombeau associé au château du XVe siècle ?


L'observation des parties inférieures du tombeau associée aux vestiges, conservés en élévation mais dégagés des différents enduits et joints en ciment qui dissimulaient tout ou partie des moulures et arrachements, permettent d'esquisser les dispositions d'origine de ce tombeau mural qui avait la particularité d'être traversant, c'est-à-dire permettant  de voir  au  travers. L'ABF fait remonter ce mausolée, dont le couvercle supportait probablement un gisant, à la fin XIVe - début XVe siècle. "Un historien de l'art irait beaucoup plus loin dans la datation car la construction d'un tel tombeau n'est pas confiée à n'importe quel artisan. De même, pour la litre funéraire dégagée sur le mur nord de la nef lors du chantier. On doit pouvoir en retrouver quelque part le commanditaire et ainsi affiner la datation", estime Régis Delubac, qui réfute donc l'idée jusqu'alors émise d'éléments de remplois positionnés au droit d'une ancienne porte. Comment expliquer la présence d'un tel monument funéraire dans une petite église paroissiale ? Tout en restant prudent,l'expert avance une hypothèse : cet enfeu aurait permis de voir l'église depuis la chapelle funéraire attenante à l'ancien château de Yolet, mentionné en 1277 dans les textes, en ruine au début du XVIe siècle et dont la localisation reste aujourd'hui indéterminée. Pour Régis Delubac, ce château aurait pu être situé sur la terrasse artificielle surplombant l'église et le village. Ce qui expliquerait que l'entrée originelle de l'édifice se faisait côté nord, via une porte située dans l'actuelle chapelle attenante à celle de l'enfeu. Une piste qu'accrédite également le lavabo liturgique découvert dans une niche de l'ancien chevet médiéval. "Une fois le château détruit, l'église tournait en quelque sorte le dos au village. Ce qui expliquerait pourquoi l'église a été "réorientée" avec l'actuelle porte donnant à l'est (avec un portail évalué du XVe) et un autel orienté à l'ouest.


Encore des mystères...


"C'est une très belle découverte, s'enthousiasme Régis Delubac. Ce qui est formidable, c'est que l'entreprise nous a tout de suite informé, qu'on ait pu faire des hypothèses permettant de réécrire complètement l'histoire de l'église, et que ce tombeau donne aujourd'hui un coup de projecteur supplémentaire sur cet édifice qui, même s'il était déjà protégé et classé(1), n'était pas considéré comme un édifice majeur."Ce que l'architecte juge tout aussi passionnant, c'est qu'il reste encore des choses à creuser, à analyser : par exemple com- prendre pourquoi, si cet enfeu est de qualité, sa mise en oeuvre apparaisse aussi négligée. Avec des assises mal calées qui ne tiennent pas au seul affaissement du sol initial (en pente) ni aux démolitions ultérieures. De même, il reste à comprendre le décor en motifs floraux mis à jour sur unetravée et esquissant un  profild'arc. Autant de mystères que permettrait d'élucider une étude spécifique du bâti ou une recherche universitaire. Pour l'heure, on n'en est pas là. La mairie, maître d'ouvrage du chantier, réfléchit actuellement aux modalités de mise en valeur du tombeau. Quant aux travaux, ils devraient se poursuivre jusqu'à l'automne 2015.

(1) Église inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1992.


Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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