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Session de rentrée à la Chambre d'agriculture de la Creuse

© CDA 23

Le 28 septembre dernier, la Chambre d'agriculture de la Creuse a tenu sa traditionnelle Session de rentrée à Guéret. Comme à l'habitude, lors de cette séance à laquelle assistaient Valérie Simonet, présidente du Conseil départemental et Pierre Schwartz, directeur de la DDT, les sujets d'actualité et occasions de débats furent nombreux.

Zones vulnérables
21 communes creusoises sont désormais classées totalement ou partiellement en zones vulnérables et ce malgré l'action des professionnels qui s'étaient fortement positionnés, avec l'appui de l'administration ainsi que du département, contre l'avis de la DREAL.
Prenant acte de ce classement et afin d'expliquer les nouvelles contraintes qu'il impose, l'administration va organiser, sur courrier d'invitation personnalisé aux agriculteurs des zones concernées, 4 réunions sur le terrain. La Chambre d'agriculture espère que ces agriculteurs seront au rendez-vous car les contraintes liées à ce classement ne sont pas neutres en termes de pratiques et d'investissements. Par ailleurs, la profession a sollicité la région pour que des moyens supplémentaires, destinés aux mises aux normes imposées par ce classement, leur soient alloués dans le cadre du PCAE (plan bâtiment). D'autres élus de la Chambre d'agriculture souhaiteraient que les communautés de communes participent également pour aider les agriculteurs car « si le zonage est territorial, seul le secteur de l'agriculture en portera les conséquences financières. Et même avec des attributions d'aides supplémentaires dans le cadre du PCAE, cela ne suffira pas pour les éleveurs qui en seront de leur poche, alors que beaucoup se trouvent déjà en grande difficulté financière ».

Peu de perspectives pour le monde de l'élevage
Même si tous les arbitrages ne sont pas totalement arrêtés, selon les simulations issues des dernières propositions concernant la réforme de la PAC, le secteur de l'élevage aura du mal à en sortir gagnant. En effet en fonction des systèmes et zones d'implantation des exploitations, les productions d'élevage devraient perdre de l'ordre de 15 à 30 % d'aides dans le cadre de la prochaine PAC. Malgré le fait que les cours se soient, certes, un peu améliorés dernièrement, entre la hausse des charges et la baisse des aides à venir, l'inquiétude dans les rangs des professionnels est grandissante pour l'avenir de l'élevage.
Cette inquiétude est d'autant plus renforcée par le fait que le secteur fait l'objet d'attaques continuelles des antispécistes et voit la consommation de viande continuer à chuter au sein des ménages.
Autre sujet de désarroi : des constations de vols sur troupeaux ovins tendent à s'intensifier dernièrement. Les éleveurs sont désemparés face à l'ampleur que prend ce phénomène et souhaiteraient plus de réactivité et d'investigations de la part des forces de l'ordre pour enrayer ces prélèvements. Les élus de la Chambre d'agriculture interpellent l'administration sur ce sujet afin qu'elle fasse remonter leur inquiétude auprès de la Préfète car ils craignent, « qu'à force, les agriculteurs excédés ne fassent justice eux-mêmes ».
Enfin, même si les chiffres de l'installation ont connu un rebond cette année par rapport à l'année dernière, les professionnels en charge de ce dossier se déclarent inquiets « face aux nombreuses cessations d'activité après seulement quelques années exercées au sein de la profession ». Ce n'est pas, selon eux, « un bon signal pour le renouvellement des générations dans le secteur ».
Autre préoccupation, et non des moindres, le service élevage de la Chambre d'agriculture constate que la baisse du cheptel creusois continue sa courbe descendante déjà amorcée depuis plusieurs années. Au regard de la hausse constante des charges (+25 % cette année), il semble difficile d'imaginer un mouvement contraire, voir même une simple stabilisation concernant cette tendance.

Une charte pour préserver les rapports de bon voisinage avec les nouveaux arrivants
Constatant un engouement croissant de la part d'habitants de zones urbaines qui investissent de plus en plus dans des achats de résidences principales ou secondaires en Creuse, le président Pascal Lerousseau souhaiterait qu'une charte de bon voisinage soit signée lors des actes de vente.
Il précise : « Cette charte viserait à préserver les relations de voisinage futures en faisant mieux connaître l'activité agricole aux nouveaux arrivants, souvent bien ignorants des contraintes et pratiques du métier d'agriculteur. Ce projet de charte relève avant tout d'une volonté d'ouverture de notre part. Elle pourrait, par exemple, comporter des propositions de visites de fermes pour aider à amorcer le dialogue entre agriculteurs et riverains. D'un autre côté en étant prévenu en amont, les nouveaux venus essuieraient moins de déconvenues ». Et de préciser : « Ceux-ci sont souvent à la recherche de calme absolu en opposition à la vie qu'ils menaient en ville et ils ne doivent pas investir dans nos zones rurales en pensant que ce ne sont que des cités dortoirs des grandes agglomérations. Nos campagnes portent en effet des activités économiques quelques fois génératrices de bruits et d'odeurs en tous genres et sont souvent bien éloignées du silence monacal recherché par ces acquéreurs. Il vaut mieux qu'ils le sachent lorsqu'ils investissent dans leur nouveau projet de vie ! »

Un exposé sur les enjeux de l'agriculture
Bertrand Valiorgue, professeur de Stratégie et Gouvernance des Entreprises à l'Université Clermont-Auvergne était l'invité d'honneur de cette session pour parler de « l'agriculture à l'heure de l'anthropocène ». Il explique, plus simplement, qu'il s'agit pour le secteur de devenir une agriculture régénératrice dans les domaines de l'eau, du sol, de l'air et de la biodiversité sans subir les pressions environnementales mais en cherchant la valorisation monétaire des services rendus en la matière.
Pour lui, si l'activité agricole, plus encore que d'autres, est fortement impactée par le changement climatique et qu'elle fait partie des activités humaines co-responsables de ce dérèglement, peu voit en elle un vecteur de solutions contribuant à contrer ce phénomène.
Il explique par ailleurs qu'il est grand temps que le secteur se saisisse de ce discours car les agriculteurs, eux-mêmes, n'ont pas toujours conscience des services écosystémiques générés par leur activité.
Dans le cadre de ses préconisations, il explique que plusieurs pistes seraient à explorer : changer la définition de l'agriculture dans le droit rural en y intégrant les biens communs qui sont aux mains des agriculteurs. Modifier les statuts des exploitations pour y intégrer les missions relatives aux productions d'aménités positives et des engagements contractuels opposables (cela permettrait de générer une rémunération des services rendus à la société). Réformer également la comptabilité des exploitations afin de matérialiser les surcoûts engendrés par la préservation des biens naturels. Et enfin, revoir l'ensemble des outils de pilotage en y intégrant cette dimension de préservation et de redynamisation des systèmes vivants. Il conclut : « si le secteur ne se prend pas en main sur ces sujets, ce sont les grands donneurs d'ordres qui vont s'en emparer via des cahiers des charges à destination des agriculteurs de plus en plus contraignants et avec une valorisation auprès des consommateurs à leur bénéfice ... et, bien sûr, sans aucun retour financier pour les exploitants agricoles ».

La Direction départementale des territoires de la Creuse organise plusieurs réunions d'information dans les territoires concernés par les nouvelles zones vulnérables :
- Mardi 12 octobre à 9 h 30, Salle de la Source, 23110 Évaux-les-Bains
- Mardi 12 octobre à 14 h 00, Salle des Fêtes, 23700 Chard
- Mercredi 13 octobre à 14 h 00, Salle des Fêtes, 23600 Saint-Marien
- Jeudi 14 octobre à 14 h 00, Salle des fêtes, 23700 Auzances

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