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Retraités agricoles : plus fragiles mais moins dépressifs que les citadins

La caisse de retraite Agrica a suivi 1 000 personnes âgées afin de mesurer le vieillissement et la dépendance en milieu rural et agricole. Des résultats étonnants, a contrario des idées reçues.

Des gestes répétitifs et des positions contraintes souvent cause d’usure précoce de l’organisme
Des gestes répétitifs et des positions contraintes souvent cause d’usure précoce de l’organisme
© (© P. Cronenberger).
Avec une pension moyenne ­n’atteignant pas 70 % du minimum vieillesse, on savait les retraités agricoles (non salariés) parmi les anciens travailleurs de l’Hexagone les plus mal lotis. Une récente étude épidémiologique initiée en 2007 par le groupe Agrica avec la MSA (Mutualité sociale agricole) et l’IFR (Institut fédératif de recherche) de Santé publique, auprès d’un échantillon de 1 000 retraités agricoles (30 % d’anciens exploitants, 70 % de salariés) de la région girondine, est venue confirmer cette semaine qu’en plus ce public est aussi plus fragile et plus touché par des affections de longue durée que ses homologues citadins. Ainsi, les résultats dévoilés montrent que plus d’un retraité agricole sur deux est touché par une affection de longue durée (ALD) et notamment d’affections cardiovasculaires (36,5 % de l’échantillon) tels que de l’hypertension artérielle sévère, ­accidents vasculaires cérébraux, d’artériopathie chronique, d’insuffisance cardiaque ou de maladie coronarienne. Tout aussi peu réjouissant, l’étude AMI, le prouve : les agriculteurs ne font en effet pas des solides seniors. Un travail exploratoire réalisé sur la fragilité, à l’aide d’un indicateur basé sur cinq composantes - la perte récente de poids, l’épuisement, la sédentarité, la lenteur à la marche et la faiblesse musculaire - conclut au fait que 9 % des participants peuvent être considérés comme fragiles, contre 7 % dans une autre étude française menée auprès d’une population exclusivement urbaine. Un écart qui peut d’abord s’expliquer par un âge moyen plus élevé de l’échantillon de l’étude AMI mais aussi par d’autres facteurs : hypertension artérielle, difficultés respiratoires, ... ou encore isolement social.

Plus fragiles mais moins touchés par le cancer

 

Quant aux troubles neuro-dégénératifs (type Alzheimer), là encore, les retraités agricoles sont particulièrement exposés, notamment ceux ne disposant que d’un faible niveau d’études. Les risques de développer l’une de ces maladies est doublé et celui de pathologies ou déficiences triplé pour les participants n’ayant pas obtenu leur certificat d’études, explique le communiqué du groupe Agrica. “Un faible niveau d’études peut en effet être indicateur des conditions de vie et de travail, de la sensibilité aux messages de prévention, des difficultés financières d’accès aux soins notamment spécialisés”, analysent les responsables de l’étude qui notent également une corrélation positive entre bas niveau d’études et risque d’affection longue durée. Voilà pour le côté pile plus sombre. Côté face, l’équipe du professeur ­Dartigues, neurologue et spécialiste en santé publique à l’université ­Bordeaux Segalen, qui a conduit ­l’étude, a découvert que si les deux autres affections de longue durée les plus fréquemment constatées sont les cancers (11,1 %) et le diabète (10,1 %), les retraités agricoles seraient moins fréquemment déclarés en ALD cancer, ce qui semble corroborer les constats d’une précédente étude, celle d’Agrican, selon laquelle les agriculteurs présentent une moindre mortalité par cancer (- 15 %). Les ruraux, contrairement aux idées reçues, fument moins que le reste de la population (64 % n’ont jamais fumé), surtout les femmes, ce qui pourrait expliquer cet état de fait. Une conclusion qui mérite cependant des analyses complémentaires.

Solidarité familiale

 

Côté face toujours, une faible prévalence de la malnutrition chez les seniors agricoles (1,4 % contre 19 % dans une étude conduite en 2005 en Aquitaine dans des Éhpad). Une bonne nutrition qui tient au fait que le milieu rural et a fortiori agricole met un point d’honneur à prendre en charge la dépendance de ses seniors par un maintien à domicile ou dans le cercle familial. Ainsi, seuls 3,5 % des retraités agricoles suivis dans l’étude vivent en institution (Éhpad). Ce faible taux est encore plus marqué pour ceux souffrant de la maladie d’Alzheimer et de troubles apparentés : ainsi, seuls 15,7 % sont pris en charge dans un établissement, contre 40 % dans l’échantillon d’une autre étude (Paquid) portant cette fois sur la population globale des 75 ans et plus. Mais ces retraités agricoles gardent le moral : 43 % des enquêtés se ­disent satisfaits ou très satisfaits de leur vie. “On constate que la population agricole se projette moins dans le futur et vit au jour le jour, ce qui lui permet d’être moins pessimiste quant à sa santé et de vieillir moins vite”, explique Jean-François Dartigues. Une autre forme du bon sens paysan, forgé au rythme des saisons et caprices de la nature...

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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