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Permettre aux enfants HPI de s'épanouir

Des parents d'enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) viennent de créer une association cantalienne pour travailler avec l'Éducation nationale à une inclusion scolaire plus sereine.

Émilie Trémouille et Malika Goudin veulent permettre aux enfants et ados HPI d'exprimer sereinement leur potentiel.
Émilie Trémouille et Malika Goudin veulent permettre aux enfants et ados HPI d'exprimer sereinement leur potentiel.
© P. O.

Leur quotidien n'a rien à voir avec celui, décalé et rocambolesque, de l'héroïne de la série télévisée qui a cartonné, incarnée par Audrey Fleurot dont les qualités d'enquêtrice font merveille à l'écran. Un point commun tout de même entre la fiction romancée et la réalité des enfants et ados identifiés HPI pour haut potentiel intellectuel : ce même besoin viscéral de creuser les choses, d'approfondir chaque sujet, de comprendre le pourquoi et le comment. "Ce qu'il y a en commun chez nos enfants, c'est une grande curiosité d'esprit(1) dès leur plus jeune âge avec des questionnements qui, pour nous parents, peuvent être déstabilisants... D'ailleurs, Google devient très vite notre meilleur ami pour y répondre", sourit Émilie Trémouille, coprésidente de la toute jeune association cantalienne pour les enfants à haut potentiel intellectuel (ACEHPI).

Parcours du combattant
Des questions pointues auxquelles les connexions neuronales plus nombreuses et rapides de ces
2,3 % de la population reconnus HPI permettent rapidement de trouver une réponse pour dépasser la frustration de ne pas savoir. "Dès 4 ans, notre fils savait comment fonctionnait Google et où aller chercher l'information", raconte cette maman d'un enfant HPI au profil "caméléon". Comprenez un enfant qui va se conformer à ce que l'on attend de lui, en masquant son potentiel, pour se fondre dans le moule. C'est d'ailleurs à l'entrée en petite section qu'Émilie va se rendre compte d'un décalage entre les capacités perçues à la maison avec un enfant qui savait alors déjà lire, faire des additions... et le retour qu'en fait sa maîtresse. "À la fin de la petite section, il a même refusé de faire une évaluation prétextant que c'était trop dur, clairement ce n'était pas notre fils qu'on décrivait là !" Dès lors, pour la famille Trémouille, comme pour de nombreux autres parents d'enfants HPI, débute un parcours du combattant.
Malgré un test attestant d'un QI supérieur à 130 (critère pour être identifié HPI), le corps enseignant se montre réticent à lui faire sauter une classe. Quant au médecin scolaire, il recommande de scolariser son fils au lycée privé Michelet à Nice, rebaptisé "la fabrique des petits génies", où l'on peut passer son Bac à 13 ans. Pour Émilie, il n'en est pas question, d'autant que si ces enfants sont plus mûrs intellectuellement, leur maturité affective reste celle de leur âge (disynchronie). "Être HPI, ils ne l'ont pas choisi, ce n'est pas une option comme judo ou danse !", lance la coprésidente.

Repenser l'inclusion scolaire
Aussi, avec d'autres parents confrontés aux mêmes difficultés d'accompagnement pédagogique avec lesquels l'association cantalienne a été fondée, Émilie Trémouille, Malika Goudin et son époux (coprésident) militent pour une véritable inclusion scolaire de ces enfants et adolescents tout en précisant qu'il ne s'agit aucunement de blâmer les enseignants. Tous ne sont pas formés sur cette précocité intellectuelle et pas évident de faire du cas par cas dans une classe de 30 élèves avec des programmes déjà bien compliqués à boucler dans l'année scolaire... Avec des élèves HPI dont le comportement peut parfois être mal interprété par méconnaissance. C'est ce qu'a vécu le fils d'Émilie Trémouille : "Le risque, c'est de se retrouver avec un enfant déscolarisé, développant une phobie scolaire...", prévient-elle.
"L'inclusion scolaire nécessiterait une refonte globale. Aujourd'hui, les aménagements proposés pour nos enfants, c'est l'accélération scolaire, c'est-à-dire leur faire sauter des classes mais ça a aussi ses limites du fait de la disynchronie évoquée", analyse Malika Goudin, dont le fils Mathieu a été repéré en moyenne section par une enseignante formée aux profils HPI. Quant au dispositif des activités pédagogiques complémentaires (APC), il est aujourd'hui destiné aux enfants en retard scolaire et non à un enrichissement thématique pour leurs camarades HPI.

Premières avancées
Mais la toute jeune association ne désespère pas de faire bouger les lignes : depuis sa création, elle se félicite ainsi des échanges et du partenariat scellé avec l'Éducation nationale qui se concrétisent par une première opération : l'organisation le 12 octobre de deux conférences, dans les locaux de l'Inspe à Aurillac (lire encadré). L'objectif est double, explique Malika Goudin : "Identifier des personnes (enseignants...) désireuses de se former et ainsi recenser les besoins sur le territoire, la seconde est d'attirer des familles, potentiellement futurs membres de l'association, pour mieux cerner leurs besoins et axer nos actions dans ce sens." "Il s'agit aussi de se soutenir entre parents, de partager nos expériences et de permettre aussi, pourquoi pas, à nos enfants de se retrouver entre eux, avec la même sensibilité, le même fonctionnement, les mêmes centres d'intérêt, sachant que parfois, ils peuvent se sentir un peu comme des extra-terrestres parmi leurs camarades...", complète Émilie Trémouille.

(1) La précocité et la richesse d'un langage élaboré sont d'autres traits fréquemment rencontrés.

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