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Patrick Bénézit : "Chaque réforme est un combat dont les acquis ne sont pas gravés dans le marbre"

Réformes de la Pac favorables l'élevage du Massif central, indemnisations sécheresse, rats, EGA... Patrick Bénézit (FDSEA) rappelle que le syndicalisme est un combat de tous les instants.

La venue de Dacian Ciolos à Bassignac en 2014 : un temps fort de l'action syndicale portée par les responsables du Massif central.
La venue de Dacian Ciolos à Bassignac en 2014 : un temps fort de l'action syndicale portée par les responsables du Massif central.
© P.O.

Ces dernières années, quels sont pour vous les combats les plus importants aboutis au bénéfice de l'agriculture cantalienne ?

Patrick Bénézit, vice-président de la FDSEA et secrétaire général adjoint de la FNSEA :

"Le premier c'est la Pac. Sur les deux dernières réformes, on a ramené autour de 30 millions d'euros sur le Cantal de par les actions menées avec les départements du Massif central. Nous avons obtenu une avancée majeure en 2014, la transparence Gaec, suite au déplacement dans le Cantal de Dacian Ciolos, alors commissaire européen à l'Agriculture, ce dont nous sommes très fiers. Cela a bénéficié à plus de 700 exploitations. Une autre négociation s'ouvre et ces acquis ne sont pas gravés dans le marbre. Il y aura donc besoin de défendre un projet pour maintenir une Pac tout aussi favorable au Massif central que celle que nous avons actuellement. Chaque réforme est un combat et il faut que les agriculteurs du Massif central en soient bien conscients. Il y a eu ensuite tout ce qu'on a pu ramener pour aider les éleveurs confrontés aux sécheresses de 2011, 2015 puis 2018. À chacun de ces épisodes, notre mobilisation a permis de décrocher une vingtaine de millions d'euros provenant du fonds des calamités, de l'exonération TFNB et du soutien de la Région. Sans jamais rien lâcher, nous avons aussi obtenu pour la première fois une indemnisation des dégâts de rats taupiers avec plus de 7 MEUR pour les agriculteurs du Cantal. En parallèle, nous avons travaillé pour que des solutions pérennes soient trouvées, via la recherche notamment. Sur le dossier du loup, nous avons obtenu des tirs de défense pour les éleveurs mais qui sont loin d'être suffisants. Ce qu'il faut, c'est réouvrir le plan loup en permettant l'utilisation de fusils à lunettes thermiques pour faciliter les tirs nocturnes. Nous avons bon espoir sur cette question. Plus globalement, notre position reste identique : ce sont les éleveurs qui doivent être protégés pas les bêtes sauvages, qu'il s'agisse de loups, ours, sangliers, vautours, grands corbeaux... Je citerais aussi les avancées en matière fiscale au premier rang desquelles la défiscalisation dans le micro-BA de l'ICHN et le relèvement du niveau du micro-BA. Dernièrement, avant la crise des Gilets jaunes, nous avons obtenu de Bercy le maintien de l'exonération totale de taxation du GNR. Nous avons également fait en sorte que dans le cadre de la loi des Finances, soit voté un dispositif d'épargne de précaution qui s'applique aux stocks d'animaux et végétaux en nature, sans être obligés de placer de l'argent qu'on n'a pas. J'évoquerais aussi le plan bâtiments très favorable que nous avons négocié avec le conseil régional Aura que beaucoup de Régions nous envient d'ailleurs. Chaque année, ce sont en moyenne 150 dossiers qui sont financés avec, en 2017, quelque 9,2 MEUR d'aides. S'ajoute à cela le Pacte Cantal négocié par Patrick Escure, président de la Chambre, avec la Région."

Sur la question fondamentale des prix, pensez-vous que les États généraux vont véritablement changer la donne ?

P. B. :

"Au préalable, je voudrais souligner que la première chose qu'on a fait pour les prix, c'est de diversifier les débouchés à l'export. C'est une stratégie qui commence à porter ses fruits même s'il reste encore du travail à faire. On l'a vu avec la Turquie et l'Algérie, dès que de nouveaux marchés s'ouvrent, cela a un effet positif sur la valorisation de nos animaux. Et on a dû mener cette politique contre l'avis de tous les autres syndicats qui ne veulent pas entendre parler d'export ! Nous, on va continuer dans ce sens. De même, il faut conforter la stratégie de différenciation engagée il y a une dizaine d'années sur les AOP, le lait bio... dont on commence à voir véritablement les résultats même si cela reste insuffisant. Sur les États généraux, on a porté un projet auprès du gouvernement pour donner des leviers aux agriculteurs pour avoir des prix plus rémunérateurs, basés sur les coûts de production. À l'occasion de ces EGA, des débats parlementaires et récemment encore via la pression qu'il a fallu mettre sur le gouvernement pour la publication des ordonnances, nous avons fait des propositions pour redonner la main aux agriculteurs alors que depuis des décennies, toutes les lois avaient donné les manettes aux distributeurs pour que les prix soient les plus bas possible. Très concrètement, nous avons obtenu la construction des prix en marche avant en partant des coûts de production, le relèvement du seuil de revente à perte, l'encadrement des promotions, la condamnation des prix abusivement bas... Il a fallu surveiller tout ça jusqu'au bout parce que les lobbyistes de la grande distribution ont tout fait pour tout faire capoter. Récemment encore, Michel- Édouard Leclerc a essayé d'utiliser le mouvement des Gilets jaunes pour faire peur sur le pouvoir d'achat et remettre en cause ces ordonnances. Le travail n'est pas pour autant terminé, il va falloir faire appliquer tout ça, vérifier que ça se mette en place dans les magasins, dans les relations au sein des filières... bref, continuer à mettre la pression."

Avez-vous le sentiment que la profession peut lutter contre l'agribashing ?

P. B. :

"On était un peu dans les cordes face à toutes ces attaques, mais les choses s'organisent, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les interprofessions, on peut encore faire mieux. Mais il y a quand même de bonnes nouvelles : la réponse sur les réseaux sociaux a été cinglante après l'appel type bobos parisiens de 500 soi-disant personnalités pour ne plus manger de la viande le lundi. Les gens qui réclament plus de pouvoir d'achat n'ont pas manqué de dire que eux ne comptaient pas manger des nouilles tous les jours et toute leur vie..."

Comment jugez-vous le programme de vos concurrents aux élections Chambre ?

P. B. :

"Pendant six ans, que ce soit ici ou à Paris, je ne les ai pas croisés. La seule fois où la Coordination s'est mobilisée, c'est pour nous empêcher de ramener l'argent du FMSE. Ils ont d'ailleurs fait perdre 3 millions d'euros sur l'enveloppe initialement prévue. En conseillant aux gens de ne pas signer de contrat de lutte, ils leur ont fait perdre une aide précieuse. Mais le pire, c'est que parmi les membres de la CR figure le premier bénéficiaire du FMSE qui a perçu plus de 80 000 EUR."

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