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Les producteurs de lait pris au piège d’une spirale infernale

Sodiaal baisse le prix du lait payé aux producteurs. Le groupe Lactalis vient de lui emboîter le pas. Colère des producteurs, qui refusent de financer les restructurations.

Les fiches de paye de lait du mois de mai sont arrivées dernièrement chez les producteurs de lait livrant à Lactalis. Elles sont venues confirmer les craintes : le groupe industriel privé applique un prélèvement supplémentaire de 2,36 euros/1000 litres avec, de plus, un effet rétroactif sur les payes du mois d’avril. Il emboîte ainsi le pas au groupe coopératif Sodiaal, qui avait obtenu l’autorisation de diminuer son prix du lait pour restructuration. Les producteurs, qui se retrouvent engagés dans une spirale infernale de baisse du prix du lait, crient au scandale. “Rien de tout cela n’est acceptable”, tempête Chantal Cor, présidente de la section laitière de la FDSEA qui, réunie la semaine dernière, s’est offusqué de la tournure que prennent les événements. “Il est anormal que Sodiaal veuille faire peser sur le prix du lait des producteurs le coût de sa restructuration. Et choquant que Lactalis lui emboîte le pas, car c’est la porte ouverte à une baisse généralisée du prix du lait et à une vaste pagaille”, estime-t-elle.

“Qu’on arrête de toucher au prix du lait !”
“Les producteurs avaient accepté un accord national qui, déjà, ne leur était pas favorable. Les entreprises doivent respecter à minima les prix de cet accord, sinon il va voler en éclats”, dit-elle, en faisant remarquer que ces baisses de prix appauvrissent la filière toute entière : “Car la grande distribution s’en sert logiquement pour demander des baisses de prix des produits”. “L’attitude de Lactalis est condamnable. Mais elle est justifiée par celle de Sodiaal”, estime Claude Bonnet, président du groupement des producteurs de lait de la Châtaigneraie livrant à Valmont (du groupe Lactalis) en faisant remarquer que Lactalis est une des rares entreprises à respecter les accords nationaux depuis cinq ans. De son côté, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) “condamne avec la plus grande fermeté cette opération provocatrice de réduction supplémentaire du prix du lait. En agissant ainsi, Lactalis prend délibérément le risque de casser l’équilibre interprofessionnel et l’accord du 26 janvier dernier”. Elle conteste l’argument mis en avant par Lactalis d’une “soi-disant distorsion de concurrence avec Sodiaal”.

Guerre des communiqués
Parlant de “rivalités stériles entre entreprises”, la FNPL “en appelle solennellement aux deux autres familles de l’interprofession (industriels et coopératives) pour qu’elles règlent au plus vite leurs problèmes internes et fassent en sorte que l’accord soit respecté”. Le groupe Lactalis se défend en publiant un communiqué dans lequel il accuse Sodiaal de “ne pas appliquer l’accord interprofessionnel sur le prix du lait” et d’avoir “baissé le prix du lait de ses producteurs de 3,95 euros/1000 litres au mois d’avril et pour neuf mois”. Il remet en cause l’avis du comité des sages du Cniel autorisant Sodiaal à faire appel à ses sociétaires pour financer sa restructuration (ce régime dérogatoire pour restructuration était rendu possible par l’accord du 26 janvier), en faisant valoir que la Fnil (Fédération nationale des industriels laitiers) s’y était opposée. “Or, pour être applicables, ces avis du comité de sages doivent être entérinés par toute les familles de l’interprofession laitière et concerner toutes les entreprises d’un même secteur d’activité, ce qui n’a pas été le cas”, objecte Lactalis. Une chose est sûre : “Tous les producteurs de lait vont faire les frais d’une guerre entre ces deux grands groupes laitiers”, constate Chantal Cor.

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