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Les granges devraient être pleines, pas les trésoreries

S'il se félicite de stocks fourragers enfin au rendez-vous, le président de la FDSEA martèle l'urgence d'une revalorisation des cours des broutards. Revalorisation attendue aussi en lait AOP.

Joël Piganiol est éleveur de limousines, associé avec son frère, sur la commune de Senezergues.
Joël Piganiol est éleveur de limousines, associé avec son frère, sur la commune de Senezergues.
© P. O.

Alors que les faneuses, faucheuses, botteleuses ont tourné à plein ces derniers jours, peut-on enfin parler d'une année climatiquement favorable pour les fourrages ?
Joël Piganiol : "Oui, enfin ! Après plusieurs années difficiles de sécheresse, l'herbe est arrivée en quantité convenable et les retours que l'on a des récoltes des derniers jours sont plutôt bons partout sur le territoire avec une saison de pâture, y compris sur les estives, qui se démarque positivement par rapport à ce qu'on a connu ces trois dernières années. Pour les agriculteurs du département, ça fait du bien moralement ! Ce bilan est cependant entaché par quelques épisodes néfastes, notamment le gros orage de grêle qui a frappé le Nord-Ouest du département le
27 juin.

Fourrages : enfin l'embellie !
Sur cet épisode orageux, d'une ampleur particulière, on est en train de finaliser une cartographie des secteurs touchés avec la DDT (Direction départementale des territoires). Et comme nous l'avions annoncé sur le terrain, nous allons solliciter la DGFip (Direction générale des finances publiques) afin d'obtenir une exonération de la TFNB, taxe foncière sur le non bâti. Nous continuons aussi à travailler sur ce dossier avec les collectivités, Département et Région, pour trouver des solutions financières palliatives.
Autre bémol, l'activité des rats taupiers sur une bonne partie du département qui a motivé une demande, via le Sidam, d'une nouvelle dérogation pour la mécanisation du traitement au Ratron suite aux fauches de juillet et août afin de continuer à maintenir une pression sur les campagnols."

Sur le front des prix, l'horizon semble moins éclairci...
J. P. : "Pour cette année 2021, on a affaire à une conjoncture extrêmement variable selon les filières avec quelques hausses effectives au bénéfice des éleveurs dans la filière laitière caprine et un second semestre annoncé un peu plus favorable pour le prix du lait de vache conventionnel en lien avec les marchés mondiaux des produits industriels, beurre et poudre de lait.

AOP : un taux de transformation à redresser
Sur la partie du lait transformé en AOP, majoritaire dans le Cantal, la revalorisation légitimement attendue par les producteurs est perturbée par des taux de transformation qui sont tombés à des niveaux extrêmement faibles, autour de 40 %, pénalisant bon nombre de producteurs qui, eux, font des efforts sur la totalité de leur production et attendent un geste économique plus marqué. Dans ce contexte, nous avons sollicité le groupe Sodiaal pour une rencontre sachant qu'on constate que d'autres entreprises de la filière ont réussi à passer le cap difficile de la période Covid 2020 et reprennent des marchés. On ne comprend  pas que Sodiaal - comme Lactalis à une échelle moindre - n'y parviennent pas.
En viande bovine, on assiste au mieux à une stabilité des prix, voire à une nouvelle dégradation comme sur les broutards avec une campagne qui démarre avec des cours en-deçà des prix pratiqués à la même période de 2020 alors même que les éleveurs ne dégagent plus de marges depuis de nombreux mois déjà. C'est pourquoi on interpelle à nouveau les opérateurs de la filière du maigre et l'État.

Broutards : l'urgence d'une remontada
Une réunion s'est tenue la semaine dernière au ministère de l'Agriculture à la demande de la FNB (Fédération nationale bovine) pour que l'ensemble des parties prenantes, éleveurs, commerçants, exportateurs, trouvent des solutions afin que la valorisation de nos animaux soit au centre des préoccupations de tous et que les éleveurs ne soient plus la variable d'ajustement. Malheureusement, en un an, rien n'a bougé. On assiste dans de nombreuses zones à une décapitalisation toujours plus marquée. Dans nos territoires non convertibles, on va vers une situation catastrophique tant d'un point de vue économique que social. Les éleveurs du Cantal font le dos rond, mais tout a une limite. On sait faire face à des aléas, des crises conjoncturelles, mais pas à une crise qui dure comme celle-là, cela remet en cause beaucoup de choses : l'installation, le renouvellement des générations, des projets... La FDSEA et la FNB ne lâcheront rien pour faire en sorte de redonner de la valeur à nos broutards."

Baisse des prix mais hausse des charges, l'équation semble insoluble...
J. P. : "On assiste c'est vrai à une explosion d'un certain nombre d'intrants : l'aliment, tout ce qui est filets, films d'enrubannage, mais aussi prix des carburants... qui impactent fortement les trésoreries. Au-delà, la flambée des cours du fer, du bois, des matériaux de construction risquent de remettre en cause un certain nombre de projets de construction et modernisation. J'ai donc interpellé jeudi dernier (22 juillet), le vice-président de la Région en charge de l'agriculture, Jean-Pierre Taite, sur cette situation pour voir comment accompagner les projets déjà déposés pour lesquels s'est creusé un écart entre les devis (et donc le montant de la subvention) et les factures. Et pour réfléchir pour la suite à une potentielle modification des plafonds sachant que la remise en cause de ces projets aura aussi un impact pour des entreprises du secteur de la construction qui ont besoin de ces chantiers pour se relancer."

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