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Les entreprises n’oublient pas que “seul le marché dicte sa loi”

Les hausses successives du prix du lait sont justifiées par un contexte favorable. Mais selon l’industrie fromagère, il faut rester prudent, le marché s’avérant très versatile.

Serge Moly (debout) face au syndicat des producteurs de Châtaigneraie que préside Claude Bonnet.
Serge Moly (debout) face au syndicat des producteurs de Châtaigneraie que préside Claude Bonnet.
© R. S.-A.
C’est le marché qui décide de tout. Serge Moly, directeur-adjoint des approvisionnements chez Lactalis, a tenté d’en faire la démonstration lors de l’assemblée générale des producteurs de lait de la Châtaigneraie, mardi 11 décembre au Rouget. Jusqu’à ces derniers mois, le contexte du marché mondial du lait était extrêmement défavorable ; les excédents s’accumulaient ; le prix du lait chutait inexorablement depuis cinq ans. Aucun expert n’avait prévu que la conjoncture allait brutalement s’inverser. Peu ou prou, le lait payé au producteur aura augmenté fin 2008 d’environ 30 % en deux ans. Comme l’économiste Vincent Chatellier l’avait confirmé une semaine plus tôt face aux adhérents du Contrôle laitier, le phénomène est mondial. Cette rupture est expliquée par une baisse de volume de tous les pays producteurs (entre raréfaction des terres agricoles et celles détournées pour alimenter la bio-énergie, aléas climatiques, manque d’attractivité du métier, etc).

Il manque 100 000 vaches...

Tandis que, parallèlement, la demande laitière mondiale est en fort développement (essor démographique, changement des habitudes alimentaires, plus grand pouvoir d’achat des pays émergents...), pour la seule Europe, le déficit serait estimé à un milliard de litres, soit 0,8 % de la production. “Il manque en France 100 000 vaches laitières”, affirme ainsi Serge Moly. Suffisamment pour déséquilibrer les marchés, selon lui. Les enjeux à venir seront donc liés à la régulation de l’offre du lait. “Mais comment appréhender cette phase de transition qui conduira d’ici au 30 mars 2015 à la fin des quotas ?”, se demande-t-il. Une partie de la réponse émane de l’Onilait qui préconise à la France de commencer par... réaliser la totalité de sa référence avant une fuite vers des pays demandeurs. “L’Union européenne envisagerait de notifier des augmentations progressives de droits à produire et de diminuer les taux de pénalités lors des dépassements”, semble savoir M. Moly. “Les entreprises comme Lactalis veulent s’affranchir des aléas mondiaux et se tournent vers des produits de grande consommation comme le fromage, plutôt que la poudre de lait”, affirme-t-il. 

Une économie de marché

“De fait, le prix du lait résultera donc de plus en plus d’une économie de marché”, insiste le représentant de Lactalis. Après la projection faite par Yannick Péchuzal, l’industriel réfute l’idée que soit appliquée une règle simplement mathématique qui consisterait à répercuter la hausse du prix du lait ou le surcoût d’une production de qualité, fusse-t-elle AOC, directement à la consommation. Et d’évoquer les difficiles négociations à tenir avec la distribution. Serge Moly n’hésite d’ailleurs pas à qualifier de “défi”, l’idée que la filière laitière fasse passer les hausses prévues et prévisibles auprès de la grande distribution : “Le lait intervient en moyenne pour 60 % de la fabrication des produits laitiers. Soit, mécaniquement, une augmentation de 18 % que le distributeur devrait appliquer”. Mais ils ne veulent pas s’y résoudre, Michel-Edouard Leclerc en tête, au nom de la défense du consommateur. Pour se défendre, les industriels peuvent jouer la carte des marques. Quant aux produits collectifs, comme l’AOC cantal par exemple, Serge Moly rappelle que les ententes sur les prix sont passibles de lourdes peines. Alors, l’avenir du prix du lait sera-t-il aussi radieux ? Pas si sûr selon M. Moly, qui observe que les collectes reprennent fortement dans le Nord-Ouest de la France ; qu’une hausse des quotas est probable ; que les discussions avec la grande distribution restent tendues.  

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