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Les cochons de l’élevage Gamel : aussi bons... pour le cœur

En 2012, les Gamel ont introduit des graines de lin dans l’alimentation de leur élevage porcin. À la clé, des porcs en bonne santé, une viande équilibrée et des rejets CO2 épargnés.

Jean-Paul et son épouse Valérie élèvent quelque 2 000 porcs charcutiers par an, des animaux dont l’alimentation est enrichie en graines de lin.
Jean-Paul et son épouse Valérie élèvent quelque 2 000 porcs charcutiers par an, des animaux dont l’alimentation est enrichie en graines de lin.
© P.O.

“Depuis qu’on est en Bleu-blanc-cœur, on fait notre métier d’éleveur, pas celui de véto. C’est ce qui fait le plus plaisir : alimenter sainement nos voisins et amis.” Pour Jean-Paul Gamel, éleveur de porcs à Yolet, avec son épouse Valérie, les vertus de cette filière à laquelle il adhère depuis cinq ans vont bien au-delà d’un ratio favorable entre oméga 3 et oméga 6. Naisseur-engraisseur avec un effectif de 100 truies (avec le renouvellement), le couple produit annuellement environ 2 000 porcs charcutiers. Des animaux élevés jusqu’à six mois pour lesquels les Gamel sont aux petits soins dans les différents secteurs du bâtiment(1) sur caillebotis : éclairage, musique... Un élevage modèle en quelque sorte bien avant même cette démarche d’agriculture santé.

Une petite graine concentrée d’oméga 3

Jusqu’en 2012, l’éleveur, “fafeur”, fabriquait son aliment à base de céréales et oléoprotéagineux de Limagne (orge, blé, pois et soja), avec un complément minéral. Désormais, le colza a pris la place du soja et surtout, la ration s’est enrichie de graines de lin(2), connues pour leur richesse en acide alpha-linolénique (ALA), un acide gras polyinsaturés de la famille des oméga 3, que le corps humain, comme celui des animaux, est incapable de synthétiser. “À raison de 4,5 % de graines de lin dans la ration, on arrive à rééquilibrer énormément le ratio entre oméga 3 et 6 dans les graisses animales”, explique l’agriculteur. De ce fait, la viande des porcs de Yolet est mieux équilibrée nutritionnellement, plus tendre et goûteuse. “Avec un porc standard, j’étais à un ratio oméga 6/oméga 3 de 10. Le cahier des charges Bleu-blanc-cœur exige d’être à moins de 3, moi je suis à 2,6. C’est le jour et la nuit”, commente l’éleveur. Lui a pris parti de mettre l’ensemble du cheptel au régime BBC alors qu’il aurait pu se contenter de ne viser que l’alimentation des porcs charcutiers abattus à six mois à un poids de 120 kg (vif). Au passage, Jean-Paul Gamel souligne aussi l’intérêt environnemental de la démarche : “Je suis aussi sur Internet mon solde carbone, qui s’avère créditeur, ce qui est exceptionnel pour un élevage hors-sol...” (lire ci-dessous).

BBC : encore trop peu connu

Ce qui l’a motivé à s’engager ? “Au début des années 2000, l’entreprise Porcs Montagne s’était associée à la filière BBC et j’avais été frappé du goût de “cochon à pépé” que je retrou-vais dans les barquettes vertes qu’ils commercialisaient”, relate Jean-Paul Gamel, désireux de se démarquer par rapport à une production standard. Ce qui l’a interpellé également : “Le fait que la Clinique Pasteur mette des produits Bleu-blanc-cœur au menu de ses patients en considérant que l’alimentation fait partie des soins.” Un message dont le couple regrette qu’il ne soit pas suffisamment véhiculé, jugeant que dans le Cantal, la filière reste encore confidentielle et peu valorisée des bouchers. “La marque BBC n’est pas connue ou très peu. Partout en France, il y a des actions de communication mais plutôt dans les collectivités”, indique le producteur. Un constat que partage Pierre Talon, de la SARL éponyme à Lafeuillade-en-Vézie et qui, chaque semaine, achète une dizaine de porcs à Jean-Louis Gamel : “Les gens ne connaissent pas encore vraiment cette démarche, mais je pense que c’est porteur, que les consommateurs sont prêts à payer un peu plus cher pour ce type de viande, assure celui qui approvisionne entre autres des brasseries parisiennes. On commence à communiquer dessus pour avoir de nouveaux débouchés.” Le producteur souligne par ailleurs l’obligation de résultats assignée aux acteurs de la filière. Il est ainsi soumis à trois critères analytiques sur la base d’analyses de viande réalisées tous les 1 000 porcs, dont la teneur en ALA et le ratio oméga 6/oméga 3.  Cette alimentation différenciée tout au long de la vie de l’animal génère un surcoût chiffré à 10 centimes d’euros par kilo que le couple compense en ayant fixé le prix de ses porcs charcutiers à 1,80 €/kg. “Désormais, je suis déconnecté du prix du marché au cadran et c’est moi qui fixe mon prix”, assume l’éleveur, dont les porcs sont abattus à Covial (Aurillac), La Roquebrou et Pierrefort à destination d’un réseau de bouchers-charcutiers et salaisonniers locaux. “On reste dans une filière courte”, glisse l’agriculteur, même si on retrouve aussi, par leur intermédiaire, la viande issue de son élevage dans des restaurants clermontois et parisiens, aux Halles de Nîmes...

Et le produit séduit : récemment, l’enseigne Grand Frais, qui a croisé la route de la viande Gamel, a émis le souhait d’abattre à Pierrefort 200 cochons par semaine. Une belle opportunité “mais il faudrait trouver d’autres éleveurs et ça ne s’improvise pas”. “Ce que j’aimerais, c’est que les gens prennent conscience que leur santé passe autant par leur alimentation que par leur toubib”, conclut l’éleveur.

 

(1) Maternité, nurserie, post-sevrage, engraissement, verraterie et gestation.

(2) Triturées à Rodez et fournies par le minéralier dont l’élevage est client.

 

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