- © tempo vigne Arrivés le 14 avril dans le Cantal, un agriculteur guatémaltèque et son interprète se sont rendus à Murat, Ydes et Riom-ès-Montagnes avant d´être accueillis mercredi par les Jeunes agriculteurs du canton de Champs-sur-Tarentaine et par l´abbé Jean Rieu. Ce dernier explique que cette visite est organisée dans le cadre du Comité catholique de lutte contre la faim et pour le développement (CCFD) qui vise à soutenir des projets collectifs.Léocadio Juracan-Salomé, producteur de café et responsable du Comité paysan de l´Altiplano, souhaiterait vendre les productions de sa région de façon plus équitable. Il explique que, dans son pays, la crise du café a des conséquences importantes sur les paysans et entraîne pauvreté, faim, chômage et migration. "Ce que nous sommes en train de faire avec l´appui du CCFD, c´est de promouvoir le commerce équitable". Les appellations marchandes retenues en disent long : "El café Jusiticia" ou encore "Rompre le silence"
"Rompre le silence" En évoquant le contexte national du Guatemala, il constate que l´accord de paix de 1996 n´a pas résolu les problèmes. Il souligne, ainsi, une concentration des richesses et des terres. "65 % du territoire national sont entre les mains de 2 % de la population. Le gouvernement d´extrême droite marginalise les Indiens qui représentent pourtant 70 % de la population."Léocadio Juracan parle d´une agriculture de subsistance avec, en moyenne, un demi-hectare de mauvaises terres, en pente dans l´Altiplano. En l´absence de système d´irrigation, le café y est la seule production envisageable avec guère plus de 500 kg par exploitant. Aujourd´hui, les producteurs cherchent à se regrouper pour transformer leur culture et la commercialiser. Ils ont trouvé des pistes pour exporter au Canada et aspirent à intégrer le commerce équitable de Max Havelard.
Venu apprendre et témoigner Pour ces Indiens, particulièrement respectueux de l´environnement, il est hors de question d´utiliser des moyens artificiels pour produire plus sur le peu de surfaces dont ils disposent. "On doit demander à la terre l´autorisation de semer", souligne M. Juracan, avant de déplorer que toute la planète n´adhère pas à cette philosophie. Il constate que l´été dure désormais sept mois au lieu de six, et que les pluies succèdent à la sécheresse avec une telle force que le pays s´en trouve inondé.Au cours de son déplacement dans le canton de Champs-sur-Tarentaine, il a découvert le fonctionnement de plusieurs exploitations et la fabrication du saint-nectaire. Jean-François Moulier, responsable d´exploitation, s´est chargé de présenter la laiterie de Lanobre. En soirée, c´était au tour de Léocadio Juracan-Salomé de présenter son quotidien et les perspectives qui l´animent. Le lendemain, après avoir rencontré d´autres agriculteurs et organisations dans le secteur de Lafeuillade-en-Vézie, une conférence-débat était organisée à la Maison des associations d´Aurillac.
Pour plus d´informations, consultez L´Union agricole et rurale du 16 avril 2003.