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Le Grand Site Puy Mary mise sur son petit fruit rouge...

Le syndicat mixte du Puy Mary a répondu à un appel à projets de la Fondation Avril autour de trois axes agricoles dont la structuration d’une filière locale de myrtilles.

Aujourd’hui objet d’une cueillette destinée à l’autoconsommation, la récolte de la myrtille pourrait constituer un complément de revenu pour des agriculteurs.
Aujourd’hui objet d’une cueillette destinée à l’autoconsommation, la récolte de la myrtille pourrait constituer un complément de revenu pour des agriculteurs.
© UC

Quelle relation entre la Fondation Avril, une fondation reconnue d’utilité publique et émanation de la filière des oléoprotéagineux, et le Grand site du Puy Mary ? A priori pas grand chose entre l’or jaune des biocarburants et les pentes vertes du volcan cantalien. Du moins jusqu’à l’automne dernier et l’émission d’un appel à projets par la dite fondation, baptisé “Territoires à agriculture positive” et ciblé sur des initiatives portées dans le Massif central. Et c’est le hasard qui a mis Louis Chambon, vice-président du syndicat mixte du Grand site, sur la piste de cette opportunité. C’est en effet par le biais d’un ami collaborateur au ministère de l’Agriculture que le maire du Falgoux a eu vent du projet.

Vers des estives collectives/tournantes ?

“On ne s’est pas posé de question, c’était pour nous l’occasion d’intégrer le monde agricole, qui est un gros vecteur d’économie, d’emploi et de paysages également, avec un tiers du territoire du Grand site (soit 12 000 ha) valorisé en espace agricole par quelque 200 exploitations”, relate Louis Chambon qui milite pour le maintien d’une identité agricole forte. Si la Fondation entend œuvrer pour une “ruralité conquérante” pas question de monter une usine à gaz ni de projet pharaonique sur l’ancien volcan endormi. “On a travaillé sur un programme plus modeste mais concret, qui parle aux agriculteurs et leur soit utile”, avance l’élu, fidèle à la philosophie montagnarde et en bon cantalou. Ce projet, dont le budget n’excède pas les 29 000 €(1), a été voulu autour de trois axes. Le premier va se traduire dès 2020 (après les municipales) par le lancement d’une étude agropastorale dans le cadre d’un partenariat avec Auvergne Estive. Enjeu : le maintien de paysages ouverts grâce à l’activité agricole. Ce qui suppose en amont de réaliser un diagnostic foncier pour identifier des secteurs en déprise et si du foncier est mobilisable soit pour consolider des exploitations existantes, soit “pour aller vers un système d’estives collectives ou d’estives tournantes”. “Nous voulons éviter de voir des pentes en herbe s’embroussailler”, indique Louis Chambon. Le second volet touche à une ressource on ne peut plus fragile, y compris en montagne, avec des épisodes de sécheresse répétés : l’eau. Il vise à requalifier un certain nombre de points d’abreuvement sur le territoire du Grand site. “Il s’agit tout autant d’assurer une continuité écologique en préservant la biodiversité, que de lutter contre le parasitisme lié à ces points lorsqu’ils sont dégradés, et qu’à préserver la ressource en eau. On voit bien que nos territoire ne sont plus épargnés par cet enjeu tant qualitatif que quantitatif”, souligne le vice-président du syndicat. Objectif affiché : réhabiliter cinq points d’abreuvement chaque année sur cette opération triennale (2020-2022).

Tarte aux myrtilles du Puy Mary

Dernier et troisième axe, et cerise sur le gâteau en quelque sorte : l’ambition de structurer une filière locale autour de la myrtille. Un petit fruit rouge emblématique de la montagne et du Grand site mais qui ne fait aujourd’hui guère plus l’objet que d’une cueillette en vue de l’autoconsommation (du moins officiellement...). Paradoxe, nulle myrtille locale dans les tartes proposées par les restaurateurs et primeurs locaux. “Dans la plupart des cas ce sont des fruits qui viennent de Bulgarie ou Roumanie”, avance Louis Chambon, lui-même fils de restaurateurs. “Notre idée est d’organiser la récolte et la distribution de ce petit fruit en préservant la ressource. Cela permettrait d’apporter un complément de revenus à des agriculteurs qui, au moment où les myrtilles sont mûres, ont généralement fini de fâner.” Sachant que dans les commerces aurillacois la barquette de 125 g se monnaie allègrement 4,50 €, “soit plus de 30 € le kilo”. Cinq agriculteurs se sont déjà dits intéressés après l’envoi par le Grand site d’un courrier à tous les exploitants du territoire. Une rencontre a par ailleurs déjà eu lieu avec l’Inao en vue de la création d’une marque collective, et pourquoi pas un jour, d’une IGP pour ces myrtilles. “Encore faut-il prouver que la myrtille du Puy Mary est meilleure que celle des massifs voisins, du Livradois-Forez ou encore de l’Ardèche, qui ont déjà structuré des choses autour de ce petit fruit”, décrit le Cantalien. Sachant aussi qu’il faudra prendre son mal en patience, une décennie au moins pour espérer obtenir une IGP...Pas de quoi décourager le syndicat qui s’entoure de plusieurs partenaires pour conduire cette opération : l’Inao donc pour un appui à la création d’une marque collective en attendant un potentiel signe de qualité, l’Inra sur un volet plus scientifique : une collecte de données autour de cette plante, une étude sur les sols plus propices à cette baie et de l’impact de la pression du pâturage étant notamment envisagée. “Nous avons aussi voulu associer le lycée agricole d’Aurillac à ce projet sur un volet plus pédagogique autour de la construction d’une filière collective et sur la question des points d’eau”, précise Louis Chambon. Outre Auvergne Estive, la Chambre d’agriculture et le parc des Volcans également associés, Louis Chambon compte sur la mobilisation des agriculteurs : “Sans eux, ça tombe à l’eau.”

(1) La Fondation Avril apporte 19 050 € (en intégrant un volet ingénierie), la Dreal (ministère de l’Environnement) 8 000 €, le SMPM (syndicat mixte) 1 600 € d’autofinancement.

"Ruralité conquérante"

Après une sélection sur dossier et “un grand oral” à Clermont-Ferrand, la Fondation Avril a retenu neuf projets, dont un second dans le Cantal qui vise à expérimenter et évaluer l’efficacité écologique, sociale et technico-économique de semences locales pour régénérer les prairies naturelles pour accroître leur résilience (projet porté par Saint-Flour communauté). Également lauréats : le développement d’une filière apicole de l’abeille noire locale dans les Combrailles ; la création d’un atelier laitier collectif à Langogne en lien avec le lycée agricole ; le développement de circuits courts autour de l’implantation de cultures fourragères et légumières dans le Puy-de-Dôme pour remplacer les 5 000 ha de culture betteravière après la fermeture de la sucrerie Bourdon ; la création d’une filière à partir des étangs du Limousin. Autres filières accompagnées : la filière ovine Causses du Lot pour un élevage de montagne à haute performance environnementale et celle en gestation des Tommes du Morvan autour des espaces herbagers de moyenne montagne. Le programme AP3C porté par le Sidam pour accompagner les éleveurs face au changement climatique a également été retenu pour le volet appropriation des résultats par les agriculteurs.

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