Le chemin qu´il reste à parcourir pour que un plus une fasse deux
En agriculture comme dans beaucoup d´autres secteurs d´activités, un + une fait rarement deux. Aux hommes d´en prendre conscience, aux femmes de faire bouger les choses.
Le Cantal fait partie des sept ou huit départements français où le taux d´installation des femmes en agriculture est le plus élevé, affirme Yvon Bec, chef des études et de la communication au Cnasea : sur 15 ans, elles représenteraient près de 30 % des DJA attribuées contre 21 % en moyenne française. Toujours est-il qu´aujourd´hui, dans le département, un chef d´exploitation sur cinq est une femme, le plus souvent avec un associé dans le cadre d´une EARL. C´est pour mesurer ce phénomène et la place qu´occupent réellement les femmes en agriculture que les Adasea du Cantal et du Lot ont réalisé une étude qui a servi de base à l´organisation d´une journée intitulée "Devenir agricultrice aujourd´hui". Elle a regroupé près de 200 personnes (un public féminin à 80 %) vendredi 4 novembre au centre des congrès d´Aurillac. "Avant, on devenait agricultrice parce qu´on épousait un agriculteur. Maintenant, c´est un choix professionnel qu´on fait", a résumé Brigitte Alanore, présidente de la commission des agricultrices de la FDSEA de la Creuse. Evolution que les textes ont peu à peu accompagnée : "A une époque, l´exode féminin était la seule réponse à un manque de reconnaissance professionnelle et au confinement imposé dans la cellule familiale", a remarqué Germaine Sérieys, 1ère vice-présidente de la Chambre d´agriculture, qui avait initié cette journée alors qu´elle était présidente de la commission des agricultrices de la FDSEA.
L´égalité n´est toujours pas complète
En accueillant les congressistes, elle a fait le compte des avancées obtenues au niveau du statut de la femme en agriculture depuis un demi-siècle, jusqu´à la création des EARL. Mais, même sous cette forme juridique (choisie par 47 % des femmes enquêtées par l´Adasea), la reconnaissance des agricultrices reste imparfaite, a relevé Karen Serres, présidente de la commission nationale des agricultrices de la FNSEA. En effet, le conjoint n´est pas pris en compte à part entière pour le calcul des ICHN et plus généralement des aides agroenvironnementales du 2e pilier de la Pac. "Car en France, il y a des plafonds qui, au mépris d´un texte voté par le Parlement européen en 2002, ne tiennent pas compte du nombre d´actifs sur les exploitations", expliquait Karen Serres. L´amendement que la FNSEA a présenté pour "mettre fin à cette injustice" dans le cadre du projet de loi d´orientation agricole a été retoqué en première lecture à l´Assemblée nationale. Au motif que cette évolution relèverait non pas du législateur mais des décrets d´application. "On garde donc espoir, mais on reste méfiantes", commentait-elle, n´excluant pas en cas d´échec de saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et l´exclusion... dont elle a déjà rencontré les représentants.
"Toujours un fond de machisme qui traîne"
Au cours de la table-ronde qui a suivi, les intervenants se sont employés à analyser la situation faite aux femmes en agriculture. En dressant immédiatement le constat que le manque de reconnaissance n´est pas propre à ce secteur d´activité. "Quel que soit le milieu professionnel, il y a toujours un fond de machisme qui traîne", lançait Germaine Sérieys, en remarquant que les femmes d´artisans "ont les mêmes préoccupations". La sociologue Alice Barthez confirme : "Même en droit, 1 + 1, ça ne fait jamais 2", dit-elle, expliquant que les évolutions culturelles doivent conduire à considérer que "l´unité, ce n´est plus le couple, mais l´individu" et que les femmes sont de manière irréversible en train de passer de la sphère familiale à la sphère professionnelle, et qu´elles veulent avoir les moyens de leur autonomie. Sur la question de la "visibilité des femmes dans la vie professionnelle", Martine Brunswig, déléguée régionale aux Droits des femmes et à l´Egalité, constate que les choses étaient ainsi faites qu´il suffisait de passer la bague au doigt à quelqu´un pour avoir le droit de le faire travailler gratuitement... Et embraye sur la relative absence des femmes dans la vie politique ou professionnelle.
L´égalité n´est toujours pas complète
En accueillant les congressistes, elle a fait le compte des avancées obtenues au niveau du statut de la femme en agriculture depuis un demi-siècle, jusqu´à la création des EARL. Mais, même sous cette forme juridique (choisie par 47 % des femmes enquêtées par l´Adasea), la reconnaissance des agricultrices reste imparfaite, a relevé Karen Serres, présidente de la commission nationale des agricultrices de la FNSEA. En effet, le conjoint n´est pas pris en compte à part entière pour le calcul des ICHN et plus généralement des aides agroenvironnementales du 2e pilier de la Pac. "Car en France, il y a des plafonds qui, au mépris d´un texte voté par le Parlement européen en 2002, ne tiennent pas compte du nombre d´actifs sur les exploitations", expliquait Karen Serres. L´amendement que la FNSEA a présenté pour "mettre fin à cette injustice" dans le cadre du projet de loi d´orientation agricole a été retoqué en première lecture à l´Assemblée nationale. Au motif que cette évolution relèverait non pas du législateur mais des décrets d´application. "On garde donc espoir, mais on reste méfiantes", commentait-elle, n´excluant pas en cas d´échec de saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et l´exclusion... dont elle a déjà rencontré les représentants.
"Toujours un fond de machisme qui traîne"
Au cours de la table-ronde qui a suivi, les intervenants se sont employés à analyser la situation faite aux femmes en agriculture. En dressant immédiatement le constat que le manque de reconnaissance n´est pas propre à ce secteur d´activité. "Quel que soit le milieu professionnel, il y a toujours un fond de machisme qui traîne", lançait Germaine Sérieys, en remarquant que les femmes d´artisans "ont les mêmes préoccupations". La sociologue Alice Barthez confirme : "Même en droit, 1 + 1, ça ne fait jamais 2", dit-elle, expliquant que les évolutions culturelles doivent conduire à considérer que "l´unité, ce n´est plus le couple, mais l´individu" et que les femmes sont de manière irréversible en train de passer de la sphère familiale à la sphère professionnelle, et qu´elles veulent avoir les moyens de leur autonomie. Sur la question de la "visibilité des femmes dans la vie professionnelle", Martine Brunswig, déléguée régionale aux Droits des femmes et à l´Egalité, constate que les choses étaient ainsi faites qu´il suffisait de passer la bague au doigt à quelqu´un pour avoir le droit de le faire travailler gratuitement... Et embraye sur la relative absence des femmes dans la vie politique ou professionnelle.