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La saison mellifère s'annonce plus florissante pour les abeilles cantaliennes

Après une année 2021 horribilis, qui a causé la perte et l'affaiblissement de ruches, cette saison 2022 s'annonce sous de meilleurs auspices à condition de bien surveiller ses colonies.

Christelle Portal, présidente de la section apicole, et Florence Poret.
Christelle Portal, présidente de la section apicole, et Florence Poret.
© P.O.

2021a été une année exceptionnellement... critique pour les abeilles et leurs éleveurs. "En 50 ans, je n'ai jamais vu ça", confie Pascal Guenet, directeur de l'EPLEFPA d'Aurillac sur le départ pour la Corrèze et apiculteur amateur (mais aguerri), depuis ses cinq ans. "La production de miel a été catastrophique l'an dernier", confirme Christelle Portal, apicultrice à Loubaresse et présidente de la section apicole du GDS (groupement de défense sanitaire) du Cantal. En cause, une météo exécrable, pluvieuse en mai 2021, en pleine période de floraison, qui a privé les butineuses de pollen et provoqué une véritable famine au sein de nombreuses colonies. Un phénomène rare à cette période de l'année, la mortalité des ruches s'observant généralement en hiver. "Les colonies étaient sorties fortes de l'hiver mais beaucoup d'amateurs ont perdu des ruches au printemps suivant par manque de nourrissement", analyse celle qui a été formatrice en apiculture plusieurs années durant dans un CFPPA.

Colonies affamées
Si cette famine s'est traduite par de la mortalité, une production mellifère des plus chiches et une pénurie de miel en fin d'année, elle a aussi eu des conséquences à plus long terme que les apiculteurs continuent de constater : des abeilles fragilisées, sans trop de réserves, et un déficit de faux bourdons (mâles) très tôt sur la saison hivernale suivante qui n'a pas permis une bonne fécondation des reines. Avec à la clé donc, dans les secteurs les plus froids du département, des pertes sévères en janvier 2022.
Heureusement, la saison de récolte a démarré sur de bien meilleurs auspices. Une reprise nuancée toutefois par Christelle Portal sur les secteurs subissant la sécheresse, comme chez elle en Margeride. "Actuellement, elles ne rentrent rien, il faut donc être vigilant, surveiller ses ruches pour s'assurer que les abeilles ont encore assez de nourriture et si ce n'est pas le cas, faire du nourrissement", explique l'apicultrice. Ce dont ces hyménoptères ont besoin ? Prioritairement de pollen, qui peut s'acheter sous forme de pains ou être conservé congelé après avoir été récolté sur les trappes à pollen. Le nourrissement peut aussi prendre la forme d'un apport de sirop de sucre. Sur les autres secteurs du département, comme sur les hauteurs d'Aurillac où Pascal Guenet a installé une quinzaine de ruches, la ressource est au rendez-vous.
Si la météo s'avère donc plus clémente, ces infatigables laborieuses demeurent toujours sous la menace d'hôtes indésirables, au premier rang desquels le bien nommé varroa destructor alias le vampire des abeilles. Cet acarien, qui infiltre le couvain de la ruche et s'accroche à l'abeille avant même sa naissance, se nourrit de son hémolymphe (sang). Les abeilles naissent dès lors affaiblies, souvent sans pouvoir voler car varroa "leur distribue gratuitement aussi des virus comme celui des ailes déformées", décrit Florence Poret, vétérinaire au GDS en charge de la section apicole. Les apiculteurs ne sont cependant pas démunis face à ce parasite et la lutte s'avère efficace en posant des lanières d'acaricide au sein des ruches, hors période de miellée pour éviter toute diffusion du produit dans le miel.

Varroa destructor et frelon asiatique serial killer...
Autre redoutable ennemi, le frelon asiatique. Ce prédateur, désormais particulièrement bien implanté en Châtaigneraie, est également bien présent sur la bordure ouest frontalière de la Corrèze. Partout où il installe ses nids imposants (jusqu'à un mètre de circonférence), il fait des ravages à l'entrée des ruches où il se positionne pour intercepter au vol les abeilles dont il consomme la tête riche en protéines. "En stressant toute la colonie, il en épuise aussi les réserves et les défenses", décrit Christelle Portal.
La seule parade(1) consiste dans le piégeage avec des pièges maison auquels sont préférés des pièges plus élaborés et surtout plus sélectifs pour ne cibler que l'espèce de par leur forme. Une opération de piégeage est d'ailleurs actuellement déployée dans plusieurs zones d'Auvergne-Rhône-Alpes à la fois pour un comptage du frelon asiatique et identifier parallèlement les types de pièges les plus efficaces. "On a encore beaucoup à apprendre sur le frelon asiatique", indique Florence Poret, qui invite apiculteurs, pêcheurs, randonneurs, particuliers... à signaler la présence de ces frelons et/ou de leur nid sur le site dédié(2).
OMAA : un observatoire d'utilité publique
Signaler toute mortalité ou affaiblissement anormal et soudain d'une ou plusieurs de ses ruches, c'est aussi la recommandation de la section apicole à ses 356 apiculteurs adhérents(3) afin de contribuer à alimenter l'OMAA, l'observatoire de la mortalité et des affaiblissements des abeilles, observatoire dont Auvergne-Rhône-Alpes est l'une des régions pilotes. Associant de multiples acteurs (État, vétérinaires, GDS,...), l'OMAA vise à mieux comprendre ces phénomènes et les troubles qui touchent les abeilles mellifères tant à l'échelle individuelle que collective. Les données collectées font l'objet d'une analyse globale permettant de caractériser l'état de santé du cheptel apicole et d'émettre des alertes en cas de recrudescence dans le temps et/ou dans l'espace de troubles anormaux. "L'idée est d'objectiver les données sur la mortalité des abeilles. Même si l'apiculteur pense en connaître la cause, il ne faut pas qu'il hésite à appeler le numéro dédié dans l'intérêt collectif", avance Florence Poret, rappelant au passage un attribut essentiel des abeilles, celui d'assurer la pollinisation.


(1) Hormis de passer sa journée devant ses ruches avec une raquette à insectes pour tuer le prédateur, comme certains apiculteurs le font...
(2) À signaler sur frelonasiatique.fr photo(s) à l'appui.
(3) Pas loin de 80 % des apiculteurs du Cantal adhèrent, la plupart sont des amateurs.

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