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La FNPL en ordre de marche pour préparer l'après 2015

C’est un discours offensif et combatif qu’a livré jeudi 17 mars, à Aurillac, Henri Brichart devant une assemblée de producteurs de lait, privée à la dernière minute de ministre (le brouillard ayant empêché son avion d'atterrir). Le président a ainsi estimé que les perspectives de marché doivent "nous donner faim", mais pour y prendre pleinement part, il faut que les producteurs français disposent d'un "trousseau de clés".

Bien sûr il aura beaucoup été question de volatilité des marchés laitiers, de la perte à l’horizon 2015 d’un outil essentiel de maîtrise de la production laitière, d’une nouvelle échelle provisoire de gestion - les bassins -, mais aussi d’une insolente compétitivité des voisins outre-Rhin... C’est pourtant un visage ni fataliste et encore moins résolu qu’ont affiché mercredi et jeudi à Aurillac les producteurs de lait de la FNPL réunis en congrès, visiblement déterminés à voir le bidon à moitié plein et à ne pas se laisser reléguer au statut de figurants sur la scène internationale.  
«Les bouleversements que nous connaissons depuis quelques années, nous avons sûrement eu tort d’y voir plus de menaces que d’opportunités à l’inverse de nos voisins allemands. (...) Soyons clair : on nous parle du marché, on nous dit que nous devons être pleinement dans le marché. Sachez que nous n’avons pas peur du marché mais nous n’avons pas peur d’un marché qui fonctionne correctement et ce n’est pas le cas», a ainsi lancé Henri Brichart dans son discours de clôture à un ministre qu’un coupable et inhabituel brouillard sur Aurillac a empêché d’atterrir malgré six tentatives des pilotes. Tout aussi combattif, le président de la FNPL a estimé que les perspectives de marché doivent «nous donner faim, envie».

«Sainte» régulation

Mais pour prendre pleinement part à la table de marchés laitiers à la prospérité retrouvée - au moins momentanément - encore faut-il que les producteurs de l’Hexagone disposent d’un trousseau de clés (à défaut de la boîte à outils chère à Bruno Le Maire) qu’Henri Brichart a détaillé. À commencer par des instruments de régulation, seuls remparts à la volatilité des cours selon la FNPL. Un vœu qui, même s’il est aujourd’hui porté à Bruxelles par la France(1), semble destiné à rester à l’état de pieux. Alors à défaut de ce retour de balancier du tout libéral dont Henri Brichart est certain qu’il aura lieu un jour, la branche laitière de la FNSEA milite pour une production organisée et en ordre de marche collectif pour tirer le meilleur parti des futurs contrats. À cet égard, si Henri Brichart a regretté une nouvelle fois que ce dossier ait été mené au pas de course par un ministre «Lucky Luke de l’agriculture», il a aussi tenu à faire valoir le travail interprofessionnel conséquent produit en peu de temps pour aboutir à un guide des bonnes pratiques contractuelles.
L’occasion pour le patron de la FNPL de réitérer la volonté des producteurs de voir les futurs contrats faire référence aux différents accords interprofessionnels et notamment aux indicateurs de marché «pour permettre une certaine lisibilité des prix». Des contrats dont le président des Jeunes agriculteurs Jean-Michel Schaeffer a lui demandé à ce qu’ils tiennent davantage compte des questions liées à l’installation des jeunes en ne plombant pas le montant des reprises.

Le «bon hémisphère»

L’occasion aussi pour Henri Brichart, qui préside le Cniel, de dénoncer les dérapages de «certains producteurs manipulés» (référence aux destructions de stands au Space ou au Sommet de l’élevage) et de répéter que l’interprofession «ne doit pas devenir une tribune d’expression des différences (...)». Il a cependant indiqué qu’il proposerait aux deux autres familles de l’interprofession d’ouvrir les assemblées générales du Cniel aux autres syndicats représentatifs pour «plus de sérénité».
L’occasion enfin d’appeler à la validation du mini-paquet lait européen qui, comme l’a exposé la veille Xavier Beulin (FNSEA), constituerait une avancée notable pour redonner du poids au maillon production sans entraver pour autant le droit de la concurrence. «C’est quand même assez ubuesque que nous soyons obligés de dépenser des trésors d’énergie pour obtenir le droit que deux producteurs puissent discuter ensemble du prix du lait quand, dans le même temps, le pouvoir d’oligopole des distributeurs leur permet de s’opposer à toute hausse tarifaire pourtant justifiée par un marché libéralisé qui s’emballe !».
Et, à l’issue d’une table-ronde sur le développement des marchés au cours de laquelle les représentants de Lactalis et de la coopération ont exposé leurs ambitions à l’export, la FNPL a exhorté les «partenaires transformateurs» à ne pas se tromper d’hémisphère : «L’avenir de la production laitière est bel et bien dans nos zones tempérées». Un dernier message destiné à l’évidence à contrecarrer les sirènes de l’anti-développement laitier local.


(1) Si les conditions météorologiques belges le permettaient, le ministre devait le jour-même évoquer le sujet devant ses homologues européens à Bruxelles.

Pour un indicateur «coût de production»

Dans son discours, Yannick Fialip, président de la section régionale laitière du Massif central s’est félicité de la tenue du congrès FNPL au cœur du Massif central, indiquant « n’est-ce pas un beau pied de nez à certains directeurs d’entreprises qui déclarent sans cesse que l’aménagement du territoire et l’économie laitière ne peuvent aller de paire ? ».
Face à la hausse des charges, le représentant du Massif central n’y est pas allé par quatre chemins « n’ayons pas de scrupules. Intégrons un indicateur « coûts de production » dans la recommandation interprofessionnelle du prix. Faisons aboutir dès maintenant le projet de la FNSEA. Indiquons en pied de facture à la GMS, nos charges de production ». Sur la politique montagne et la PAC 2013, Yannick Fialip a formulé plusieurs demandes parmi lesquelles: « les crédits France Agrimer sur la montagne avec un congrès à Aurillac ne peuvent subir un gel (gel ministériel bien entendu). Toujours sur la montagne nous accueillons avec satisfaction la proposition du Ministère de l’agriculture permettant la possibilité de constituer des GAEC entre époux. Il est clair que cette avancée doit être complétée par le ministre sur la politique ICHN. Tous les actifs des futurs GAEC doivent pouvoir bénéficier d’une part supplémentaire ICHN puisque cette aide est plafonnée à 50 ha ».

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