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Hydrogéologie : le parapluie cantalien arrose ses voisins

Du fait d’un réseau très dense en cours d’eau et de la nature de ses roches, le Cantal dispose de faibles capacités de stockage d’eau qui circule rapidement vers l’aval des bassins.

Source et son périmètre de protection immédiat clôturé sur Lugarde-Marchastel.
Source et son périmètre de protection immédiat clôturé sur Lugarde-Marchastel.
© Mage - CD 15

Le Cantal un château d’eau ? Oubliez ça, un mythe ! En lieu et place de château, en matière hydrogéologique, le département s’apparente bien davantage à un parapluie, fidèle finalement à la réputation de sa préfecture. Si l’eau y tombe en abondance, notamment sur les Monts du Cantal particulièrement arrosés (de l’ordre de 2 200 mm annuels au Lioran), contrairement à la croyance populaire, le Cantalien est généreux et partageur : “Du fait de la présence d’un important réseau hydrographique et de roches imperméables peu propices au stockage, l’eau qui tombe ruisselle et on arrose finalement nos voisins”, image Émilie Solignac, hydrogéologue et chargée de projets à la Mage, mission d’assistance à la gestion de l’eau du Conseil départemental, en rappelant que le territoire se situe en tête de bassin. Les vallées de la Cère, de la Jordanne et la Santoire, retiennent davantage cette eau courante du fait de couches sableuses, d’alluvions. “Mais c’est loin d’être la majorité du département”, tempère Émilie Solignac. D’où vient dès lors l’eau qui coule au robinet ?

Eau potable : à 99 % souterraine
À 99 %, elle est d’origine souterraine. Mais ici, pas de grandes réserves comme dans le Bassin parisien : si l’on trouve des aquifères, ils sont peu nombreux, peu profonds et surtout modestes. Aussi, l’eau utilisée pour l’alimentation humaine provient de quelque 973 sources aux débits inégaux, rapidement impactées par des variations de pluviométrie. Ces sources sont autant de points de sortie de l’eau de pluie qui suit les multiples failles qui fracturent les roches volcaniques et granitiques. On recense en outre 64 forages ou puits (publics) et seulement douze prises d’eau en rivière.
Parmi ces 1 050 points de prélèvements, 18 font l’objet d’un suivi plus spécifique en termes de débit infra et interannuel dans le cadre du réseau départemental de suivi des eaux souterraines initié par la Mage en 2016 suite aux épisodes secs du début du XXIe siècle. Objectif : améliorer la connaissance des ressources du département et assurer une veille objective et pertinente sur les évolutions à court, moyen et long termes des débits mesurés. Ces 18 ressources ont été choisies pour leur situation géologique (socle, volcanisme) et géographique et pour la qualité des chroniques de débits existantes. Chaque mois, les collectivités gestionnaires de l’eau réalisent des mesures de débit de ces ressources, des données transmises à la Mage qui les bancarise(1), les traite et les synthétise avant la diffusion d’un bulletin d’information mensuel (relayé dans L’union du Cantal).

Suivi renforcé et automatisé
Courant 2022, ce réseau va s’étoffer pour passer à 30 points de suivi (incluant des forages) en parallèle d’une automatisation des mesures. Jusqu’à présent, “les employés communaux mesurent le débit à la main avec un seau d’eau et un chronomètre, ça fonctionne mais on va gagner en régularité en installant des sondes de niveau qui vont permettre d’avoir une mesure journalière du débit de ces sources”, explique l’hydrogéologue. Cet enrichissement devrait permettre d’approfondir les constats observés depuis 2016, voire depuis bientôt dix ans pour certaines ressources. “Ce qu’on voit bien, en année “normale”, c’est que l’étiage intervient bien en septembre-octobre, éventuellement avec un décalage sur novembre-décembre. Mais dès qu’on passe une période longue sans pluie, le département n’ayant pas de réservoir, on assiste à un net recul des débits comme ce printemps 2021 avec un étiage en avril”, analyse la chargée de projets qui n’observe cependant pas d’allongement structurel des périodes d’étiage à ce stade.
Une eau acide mais “bonne”
Quid de la qualité de cette eau, par nature acide et peu minéralisée, au profil “Volvic” davantage que “Contrex” ? “Globalement, on peut dire que l’eau est de bonne qualité dans le Cantal même s’il faut être vigilant d’un point de vue bactériologique”, explique Émilie Solignac. Une vigilance qui se traduit par la mise en place de périmètres de captage (lire par ailleurs) pour éviter une contamination par l’activité d’élevage mais qui tient aussi au dimensionnement originel des ouvrages de stockage : “Ils ont été dimensionnés à une époque où la population et donc la consommation étaient plus importantes. Aujourd’hui, on peut assister à une stagnation de l’eau dans les réservoirs propices au développement des bactéries”, expose l’experte. Pour s’en prémunir, l’eau destinée à l’alimentation humaine est traitée, principalement au chlore (qui a un effet durable tout au long du réseau), ou aux UV dans le cas de réseaux plus courts.
Comme partout en France, cette eau fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent(2) - depuis le captage dans le milieu naturel, jusqu’au robinet du consommateur - avec une surveillance exercée par la personne responsable de la production et de la distribution de l’eau ainsi qu’un contrôle sanitaire mis en œuvre par les Agences régionales de santé (ARS).
Malgré ces précautions, il peut arriver que l’eau soit déclarée ponctuellement impropre à la consommation : c’est le cas quand elle est prélevée dans des eaux de surface (rivières) lors de crues automnales responsables de phénomènes de turbidité. Certaines sources en Châtaigneraie peuvent aussi présenter une teneur trop élevée en arsenic (d’origine naturelle).

(1) Mesures conservées dans une base de données.
(2) Pour connaître la qualité de l’eau sur votre commune : http://social-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/article/qualite…

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