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Hôpital d'Aurillac : « On a la chance d'avoir eu du temps pour se préparer »

Depuis trois semaines, l'ensemble du personnel soignant, paramédical mais aussi les agents en charge de la logistique et les cadres administratifs de l'hôpital Henri-Mondor d'Aurillac sont sur le pont, lancés dans une course contre la montre et une réorganisation d'une ampleur inégalée pour se préparer à faire face à l'épidémie de coronavirus. Avec un atout de taille, estiment Pascal Tarrisson, directeur du centre hospitalier, et Mathieu Kuentz, biologiste médical et président de la CME (commission médicale d'établissement) qui ont tenu vendredi soir un point presse : celui d'avoir bénéficié de plus de temps que leurs collègues des régions plus précocement et fortement touchées, et des enseignements tirés par ces derniers.

« On a l'expérience de ce qui s'est passé en Chine, en Italie, mais aussi dans le Grand-Est, ça permet d'avoir les informations pour adapter notre organisation sachant que dans toute gestion de crise, le mot d'ordre, c'est d'anticiper, d'avoir toujours un coup d'avance », fait valoir Pascal Starisation qui pilote chaque jour une cellule de crise et coordonne la mobilisation du GHT, le groupement hospitalier de territoire dont il est directeur et qui réunit, outre l'établissement aurillacois, ceux de Mauriac, Saint-Flour, Chaudes-Aigues, Murat et Condat.

Capacité de 45 lits de réa dans le département
L'hôpital aurillacois a été désigné établissement de 2nde ligne, ceux de 1ère ligne étant principalement les CHU, tandis que Saint-Flour et Mauriac ont depuis été classés établissements de 3e ligne. Concrètement, les autorités sanitaires ont rapidement demandé à l'hôpital Henri-Mondor l'ouverture d'un centre de prélèvement avec deux boxes où officie un infectiologue en vue de réaliser les tests de diagnostic des patients présentant des symptômes. Dans cette première phase, une unité Covid dédiée aux patients confirmés positifs ou potentiellement infectés a également été mise en place dotée de 6, puis 12 lits de réanimation (avec respirateur artificiel).
Dans la phase 2, cette unité a été déplacée dans une autre aile de l'hôpital dont les lits ont été vidés et les patients transférés dans le service ORL. Sa capacité est montée aujourd'hui à 15 lits(1).
Et cette capacité de prise en charge des cas graves va continuer de monter en puissance dans les prochains jours en partenariat avec le CMC Tronquières (10 lits) et Saint-Flour (7 lits), qui ont également mis en place une unité Covid, vers laquelle « on pourra déborder des patients au plus fort de la vague », indique Pascal Tarrisson. La capacité maximale sur le département peut donc atteindre 45 lits équipés de respirateurs (contre 10 hors épidémie) et des soignants nécessaires.

Sera-ce suffisant ? «On ne sous-estime en aucun cas l'épidémie mais on a forts espoirs », répond Mathieu Kuenz. Pour ce dernier, le fait que le Cantal ait été quasiment épargné jusqu'au confinement (avec des premiers cas « importés ») devrait s'avérer un vrai atout pour casser la chaîne de diffusion du virus. « Mais il y a deux paramètres qu'on ne maîtrise pas : le respect des règles de confinement et l'exode pré-confinement de personnes potentiellement infectées venant de régions exposées », complète le président de la CME qui s'attend néanmoins à l'accroissement du nombre de cas et indique que l'établissement s'est préparé au scénario le moins optimiste.

 

Une tente « sas » aux urgences

Parallèlement, depuis peu, une tente a été dressée à l'arrière du bâtiment des urgences afin de trier les patients se présentant aux urgences : les personnes présentant des symptômes du virus (fièvre, toux, symptômes respiratoires) sont isolées et prises en charge selon un cheminement spécifique pour éviter tout contact avec les autres patients. Un circuit fléché en orange est ainsi matérialisé. « On a aussi commencé à travailler au niveau du garage des urgences équipé d'arrivées d'air et que l'on va pouvoir utiliser pour prendre en charge des patients », complète Mathieu Kuentz. Sachant que seuls les cas gravent nécessitant une mise sous oxygène et des soins support seront désormais hospitalisés, les autres (80 % des cas estimés) seront pris en charge en ambulatoire (à domicile).
Conformément aux consignes gouvernementales, tous les actes non urgents ont été déprogrammés afin de libérer des unités, des moyens matériels et du personnel réaffectés vers les services et unités prioritaires. Les interventions chirurgicales concernent désormais les seules urgences vitales, les actes ne pouvant être reportés que de quelques jours et le bloc maternité.

 

Assez de masques pour les soignants
« On a une mobilisation remarquable de toutes les équipes médicales, paramédicales, des services logistiques tous sur le pied de guerre, se félicite Marie-Claire Cutajar, directrice adjointe. On a eu une transformation de l'hôpital en un temps record. Les lignes d'astreinte ont été doublées... » « Depuis une semaine, on ne fait que ça : adapter en permanence notre organisation », abonde Pascal Tarrisson qui salue lui aussi la mobilisation et solidarité du personnel, « exposé et qui subit une pression considérable ». Et souligne le rôle essentiel de la logistique.
A ce stade, le centre hospitalier dispose de stocks jugés suffisants de masques (400 000 notamment en stock depuis la grippe aviaire) chirurgicaux portés par le personnel soignant en contact direct avec un patient. Les masques FFP2 sont eux réservés à ceux intervenant au sein des unités à haute densité virale et pour les soins aérodispersants. Ces derniers sont par ailleurs équipés de sur-blouse, tablier, lunettes, charlotte.
En revanche, face à une pénurie annoncé de gels hydro-alcooliques (« on n'avait plus que 4,5 jours de stocks »), l'hôpital a lancé un appel pour trouver de l'alcool afin de produire ses propres solutions. Message relayé par la CCI et déjà suivi d'effets.
Ici, comme ailleurs, tous n'ont qu'un seul message : celui de suivre à la lettre les mesures de confinement, la meilleure façon de rompre la chaîne de transmission et d'aider les soignants.

(1) Cinq autres lits de réanimation vont être ventilés au sein des blocs opératoires pour les patients « non Covid ».

Bientôt équipé pour les tests de dépistage
Jusqu'à présent, les prélèvements effectués sont chaque nuit adressés au CHU de Clermont-Ferrand qui est le seul de l'ex-région Auvergne à pratiquer les analyses PCR dont les résultats ne sont connus qu'à H+24 ou 36. La décision a été prise à Aurillac de s'équiper du matériel nécessaire pour réaliser ces propres tests. «Cela déchargera Clermont et ça raccourcira le délais de réponse : on prélèvera tôt le matin, on lancera les analyses en fin de matinée et on sera fixé le soir-même », relève Mathieu Kuentz. L'hôpital pourra alors également tester les échantillons adressés par le laboratoire Sylab. Ces tests seront pratiqués sur le personnel hospitalier présentant des signes cliniques, à l'ensemble des patients Covid symptomatiques avec des facteurs de gravité et à tous les patients Covid à symptômes hospitalisés.

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