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Herd-book salers : "On ne laissera aucun éleveur salers de côté"

Réunis vendredi, les nouveaux administrateurs des instances raciales ont affiché leur volonté d'oeuvrer à la valorisation de tous les systèmes salers, dans un esprit de concorde.

Administrateurs et salariés ont planché vendredi sur une méthode de travail donnant à chacun la parole et une place. Absents sur la photo : Stéphane Gaillard, Maurice Moncelon, Alban Crevecoeur, Yves Bulleux et Maxime Roussel.
Administrateurs et salariés ont planché vendredi sur une méthode de travail donnant à chacun la parole et une place. Absents sur la photo : Stéphane Gaillard, Maurice Moncelon, Alban Crevecoeur, Yves Bulleux et Maxime Roussel.
© P. O.

Il n'y a pas une vérité (pour certains elle est même ailleurs...(1)), mais autant de vérités personnelles forgées au décompte des années et des expériences. Pour les nouveaux administrateurs du Herd-book salers, il en est tout de même une d'intangible : leur race cumule tous les atouts comme si elle avait emprunté le meilleur à chacune de ses consoeurs. Une sorte de femme idéale, hybride entre Élizabeth Hurley, Angelina Jolie, Eva Mendez ou encore Monica Belluci. Certes, ce n'est pas la plus productive ni la mieux conformée, "mais c'est la seule race au monde capable de faire naître un croisé charolais toute seule, à nourrir son veau sans trop de complémentation, à s'adapter à tous les climats et continents", soutient  Frédéric Canal, éleveur à Rilhac-Xaintrie et nouveau président du Herd-book dont le conseil était réuni vendredi pour poser les bases sereines et constructives de son fonctionnement pour le mandat tout juste étrenné.

La salers coche toutes les cases
Idéalistes, utopistes pêchant par excès de chauvinisme ? Sûrement pas : "La race nous apporte beaucoup de satisfaction mais il y a effectivement des choses à revoir au niveau des marchés, des filières à structurer et améliorer pour que les éleveurs en retirent un meilleur résultat", affirme pour sa part Frédéric Duval (Valette, président d'Intergènes). "On dit souvent que le problème, c'est le broutard salers, mais si le problème n'a pas été résolu jusque-là, c'est peut-être parce qu'il faut se poser différemment la question", plaide Frédéric Canal, non pas en apportant une réponse unique au déficit de la valorisation des veaux acajous mais une diversité de solutions. Diversité dont la nouvelle gouvernance de la race est convaincue qu'elle constitue aujourd'hui sa plus grande richesse : "Jusqu'à il y a peu, quasiment tous les mâles étaient expédiés en Italie pour être engraissés en taurillons ; or, le marché est en constante évolution, il y a des opportunités à saisir avec les pays tiers pour être moins dépendants de l'Italie, et on espère que nos partenaires vont nous aider à trouver de nouveaux débouchés", incite Frédéric Canal, qui plaide aussi pour une segmentation de la production : "Localement, on peut aussi finir davantage d'animaux, certains peuvent faire du TJB (très jeune bovin), d'autres des boeufs,..." Sans compter, un autre argument de poids à l'heure où le prix des intrants flambe dans les cours de ferme, sa conduite économe. "Si on ramenait les résultats d'un élevage salers en termes de marge brute, on verrait qu'on n'est pas si mauvais", assure Olivier Andrieu (Saint-Bonnet-de-Salers).

Accroître la rentabilité
Si la feuille de route de la nouvelle équipe élue début juin n'est pas encore affinée, l'objectif est fixé : identifier et concrétiser avec l'appui des opérateurs, des partenaires (organismes techniques, génétique...) des débouchés et filières valorisants pour chaque système salers : naisseurs, engraisseurs, sélectionneurs, producteurs de babynettes, de vaches sous label rouge, troupeaux conduits en croisement ou en pur, avec ou sans corne, acajou ou noir, salers traites ou non,... "Le Herd-book n'a pas le droit de laisser un seul éleveur de côté, le but est d'apporter le meilleur résultat économique à l'ensemble des éleveurs salers tout en préservant les qualités de notre race, et de donner envie à d'autres de s'installer en salers", affichent les administrateurs qui incarnent cette diversité de profil. Et dont l'une des ambitions est aussi de retisser des liens de proximité, scellés sur la base de la transparence, avec l'ensemble des éleveurs qui ont fait le choix de la salers. Des éleveurs auxquels les portes de la Maison de la salers seront toujours grandes ouvertes : "Qu'ils mettent des veaux à la station, qu'ils en achètent ou pas, il faut qu'on donne aux éleveurs l'envie et le plaisir de venir ici", avance Gaëtan Ferrerol (Saint-Cernin).
Nouer des liens de confiance et une vision partagée au sein du conseil,  Frédéric Canal et son équipe s'y sont d'ores et déjà attelés en sollicitant l'appui de Jean-François Mathieu, formateur et lui-même éleveur salers.

Humbles mais fiers
"Comme dans toute équipe sportive, il faut que tous les postes soient bien pourvus, et qu'on partage, en discutant, le même objectif, même si on n'a pas tous les mêmes idées", image Frédéric Canal, qui se voit davantage comme un animateur d'un conseil d'administration où la parole sera libre et respectée.
"Humbles" mais "fiers", les élus des instances raciales veulent aussi (re)donner ses lettres de noblesse à la salers sur ses propres terres : "Quand on mange de la salers, on mange non seulement un morceau de viande, mais il y a aussi une image, un terroir derrière", souligne François Fabre.
Une viande de plus en plus associée dans le palais et le cerveau du consommateur à des modes de production, modes de production vertueux dont la salers coche toutes les cases avec des animaux nourris à l'herbe sur de vastes espaces. Un autre argument, celui des vertus agroécologiques, sur lequel la race n'a pas suffisamment communiqué, estime-t-il. Et un autre chantier à venir... avec celui du recrutement d'un directeur et d'un ingénieur.
Tournant la page des tensions passées, tous formulent enfin un souhait : "Si on arrive à faire en sorte que la salers soit une grande famille, sans animosité, on sera fier de nous."

(1) Cf la série X-Files.

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