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Installation/transmission : “On partage la même philosophie”

Originaire de l’Ariège, Anthony Bacquie a intégré le Gaec de Lhermet-Chausy au terme d’une année de parrainage permettant à Michel Raymond de partir à la retraite serein

Au premier blanc de gauche à droite : François Bonnet et Anthony Bacquie, au second : Clément Raymod et ses parents Suzanne et Michel.
Au premier blanc de gauche à droite : François Bonnet et Anthony Bacquie, au second : Clément Raymod et ses parents Suzanne et Michel.
© UC

Leur route était visiblement tracée pour se croiser, tant leur vision du métier d’agriculteur et leur philosophie de la vie s’avèrent convergentes et ce malgré des différences d’âges et d’horizons : travailler pour bien vivre et non être esclave de son exploitation. Petit-fils d’éleveurs dans la vallée de la Lèze, Anthony Bacquie n’a jamais envisagé son avenir autrement qu’aux côtés d’un troupeau bovins. “Dès que j’ai su parler, j’ai dit que je voulais faire éleveur”, s’amuse à tout juste 23 ans l’Ariégeois. Titulaire d’un Bac Stav et d’un BTS Acse, il a dû s’expatrier, faute de pouvoir reprendre l’une ou l’autre des exploitations de ses grands-parents.

Il fait ses premières gammes comme salarié auprès d’un éleveur de bovins viande aveyronnais, avec lequel une association semble se profiler avant d’avorter. “J’ai considéré ça comme un échec”, glisse Anthony. Un échec formateur loin de démotiver le jeune homme qui enchaîne les expériences : agent de remplacement dans le Lot, salarié sur l’exploitation laitière du centre de formation de Bernussou (12), magasinier à la coopérative Unicor, tout en se faisant connaître au Répertoire départ-installation de l’Aveyron, du Lot et enfin du Cantal en novembre 2018.

Anthony ne sait pas alors que les choses vont s’accélérer bien plus vite qu’escompté. “J’avais Gérard Vigier (animateur du RDI à la Chambre d’agriculture du Cantal) régulièrement au téléphone. J’avais été en contact avec des cédants pour une reprise en individuel avant que Gérard évoque la piste d’une association en société”, indique-t-il.

Stade de parrainage, une immersion essentielle

C’est à quelques mois près à la même période que les associés du Gaec de Lhermet-Chausy dans le Sud-Cantal demandent leur inscription au RDI. Objectif : trouver un jeune motivé pour venir relayer le départ en retraite de Michel Raymond, prévu courant 2020.

Le premier contact téléphonique, en février 2019, précède plusieurs visites d’Anthony sur l’exploitation courant mars, et tout de suite le courant passe. “J’ai quand même pris un bon mois de réflexion avant de m’engager dans un stage de parrainage(1)”, indique le nouvel installé. Les quatre associés - Michel et Suzanne son épouse, leur fils Clément, et François Bonnet - signent pour un stage d’un an qui doit permettre à Anthony d’appréhender le fonctionnement de l’élevage aux quatre saisons, d’évaluer la dimension technico-économique de l’exploitation…. et à tous de confirmer leur choix.“Son profil est intéressant et on partage la même philosophie, on en a d’ailleurs été surpris, relève François Bonnet. Le fait qu’il soit hors-cadre familial est un plus pour nous. On a toujours eu comme objectif de coller un minimum à la réalité, tant sur le plan économique que social. Certains, qui proposent une reprise de capital énorme avec 80 heures de travail par semaine à la clé, s’étonnent que personne ne s’attarde sur leur proposition d’association. Il faut être en phase avec le reste de la société. Aujourd’hui, un jeune qui arrive sur le marché de l’emploi, quel que soit le secteur, attend une rémunération et un nombre d’heures correctes. Je ne vois pas pourquoi dans l’agriculture on ferait les autruches même si on n’est pas dupes des niveaux de rémunération en élevage.”

Un sentiment que partage Clément : “Même si s’installer est un choix et souvent une passion, ce n’est pas pour ça qu’il faut rester dans ce schéma peu valorisant, plaide t-il. Nous, on s’est organisé pour sortir de ce cadre.” Et dégager, depuis 20 ans que le Gaec est créé, un salaire décent pour chacun des associés, en dépit des crises et aléas climatiques.Séduit par la structure de l’exploitation, modernisée pour apporter du confort tant aux animaux qu’aux éleveurs avec l’installation de deux robots de traite, Anthony confie que c’est l’état d’esprit de ses désormais associés qui l’a rapidement convaincu de franchir le pas.

Son intégration au sein du Gaec s’est fait naturellement, “on lui a chacun laissé une part de notre travail pour qu’il s’imprègne de tous les aspects. On y est allés au feeling”, glisse Suzanne Raymond. Et Michel a d’emblée trouvé un successeur passionné pour assurer la relève sur la génétique du troupeau holstein. Anthony est ainsi administrateur stagiaire au syndicat prim’holstein du Cantal et avait déjà programmé de faire ses premiers pas en concours cette année, concours annulés suite au Covid. “Mon objectif est de contribuer à améliorer la génétique globale du troupeau que ce soit pour la longévité des vaches que pour la qualité du lait, et sur 1-2 % du troupeau de travailler sur une évolution morphologique”, précise le jeune éleveur.

Déjà, Anthony assure avoir appris “plein de choses” durant cette année de parrainage, notamment sur la robotisation de la traite “même si c’est là que j’ai encore la plus grande marge de progression”, mais également sur le suivi du troupeau…

En route pour l’agriculture de conservation

Une relation qui s’est enrichie mutuellement : “Anthony nous a apporté son approche des réseaux sociaux, d’y collecter l’information”, affirme François Bonnet. Avec des retombées quasi immédiates pour les éleveurs qui projettent de s’engager dans l’agriculture de conservation synonyme de moindre mécanisation et de baisse du recours aux intrants . “On s’était déjà essayé au semis direct mais on buttait techniquement, relate François. Grâce à Anthony, on s’est mis en contact avec un ingénieur agronome qui a mis ça en place en Bretagne et qu’Anthony suivait sur les réseaux. On l’a fait intervenir sur l’exploitation et notre souhait aujourd’hui, c’est de remettre l’activité du sol au centre de nos pratiques. Même dans nos régions herbagères, on fait des erreurs de parcours.” Au Gaec de Lhermet-Chausy, qui a adhéré à un GI2E local lancé par le GVA de Lafeuillade-Montsalvy autour de ces thématiques, on a ainsi adopté le précepte : “Un sol jamais (ou peu) travaillé, un sol toujours couvert en multi-espèces.” Des essais de méteils ont en outre fait leur apparition avec l’arrivée d’Anthony et l’appui technique de la start-up La Vache heureuse.

Une nouvelle transmission à préparer

Inséré socialement grâce aux plus jeunes membres de la Cuma des 3L, Anthony a très vite rejoint les Jeunes Agriculteurs du canton et intégré il y a quelques mois le bureau départemental des JA en tant que coresponsable du groupe lait. “On est en discussion avec Volcalis pour étudier la faisabilité d’un prix plancher (du lait) pour les jeunes agriculteurs, indique le jeune syndicaliste. On aimerait aussi s’impliquer davantage sur d’autres sujets, comme au Cif.”

Quant à Michel Raymond, il confie partir “serein à la retraite, 20 ans jour pour jour après la création du Gaec, et après un parcours professionnel réussi”. Et la satisfaction de pouvoir accueillir un jeune Une nouvelle étape attend désormais Clément, François, Suzanne et Anthony : se mettre en quête d’un futur associé pour remplacer d’ici trois ans Suzanne et assurer la pérennité de l’exploitation. Un parcours qui ne leur fait pas peur.

Une relation qui s’est enrichie mutuellement : “Anthony nous a apporté son approche des réseaux sociaux, d’y collecter l’information”, affirme François Bonnet. Avec des retombées quasi immédiates pour les éleveurs qui projettent de s’engager dans l’agriculture de conservation synonyme de moindre mécanisation et de baisse du recours aux intrants . “On s’était déjà essayé au semis direct mais on buttait techniquement, relate François. Grâce à Anthony, on s’est mis en contact avec un ingénieur agronome qui a mis ça en place en Bretagne et qu’Anthony suivait sur les réseaux. On l’a fait intervenir sur l’exploitation et notre souhait aujourd’hui, c’est de remettre l’activité du sol au centre de nos pratiques. Même dans nos régions herbagères, on fait des erreurs de parcours.”

Au Gaec de Lhermet-Chausy, qui a adhéré à un GI2E local lancé par le GVA de Lafeuillade-Montsalvy autour de ces thématiques, on a ainsi adopté le précepte : “Un sol jamais (ou peu) travaillé, un sol toujours couvert en multi-espèces.” Des essais de méteils ont en outre fait leur apparition avec l’arrivée d’Anthony et l’appui technique de la start-up La Vache heureuse. Une nouvelle transmission à préparerInséré socialement grâce aux plus jeunes membres de la Cuma des 3L, Anthony a très vite rejoint les Jeunes Agriculteurs du canton et intégré il y a quelques mois le bureau départemental des JA en tant que coresponsable du groupe lait. “On est en discussion avec Volcalis pour étudier la faisabilité d’un prix plancher (du lait) pour les jeunes agriculteurs, indique le jeune syndicaliste. On aimerait aussi s’impliquer davantage sur d’autres sujets, comme au Cif.”

Quant à Michel Raymond, il confie partir “serein à la retraite, 20 ans jour pour jour après la création du Gaec, et après un parcours professionnel réussi”. Et la satisfaction de pouvoir accueillir un jeune Une nouvelle étape attend désormais Clément, François, Suzanne et Anthony : se mettre en quête d’un futur associé pour remplacer d’ici trois ans Suzanne et assurer la pérennité de l’exploitation. Un parcours qui ne leur fait pas peur.

(1) En qualité de stagiaire de la formation professionnelle, stage rémunéré par Pôle emploi, Anthony étant alors demandeur d’emploi.

Le Gaec

150 ha dont 40 de maïs, une dizaine en céréales, le reste en prairies. Troupeau : 100 prim’holstein, niveau d’étable 11 000 l.

- création : 1er juillet 2020, en 2005 Clément remplace Colette, la mère de François. 1er juillet 2020 : retraite de Michel Raymond, installation d’Anthony Bacquie. Chacun des associés dispose d’un quart du capital.

-le Gaec est l’un des membres fondateurs de la Cuma du Temps libre (distribution avec deux chauffeurs et deux mélangeuses), et de la Cuma des 3 L (Cuma quasi intégrale, hors matériel de moisson).

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