Entreprises : un médiateur qui vous veut du bien
Le bilan du Médiateur du crédit dans le Cantal, au terme de ses 18 premiers mois d’activités.
Voilà une communication qui devrait redonner le sourire aux banques, à défaut de restaurer complètement leur image bien écornée depuis le début de la crise financière. "On s'est rapidement aperçus que les banques jouaient le jeu" et que "les engagements pris à l'échelle nationale pour maintenir et même accroître les crédits en faveur des PME et TPE(1) ont été respectés, et même au-delà", ont respectivement indiqué le directeur de la succursale aurillacoise de la Banque de France et Médiateur du crédit aux entreprises, Philippe Saigne-Vialleix, et le préfet Paul Mourier à l'occasion d'un point presse le 9 juillet destiné à redonner un coup de projecteur sur ce dispositif toujours en vigueur(2).
Une médiation qui, depuis son lancement à l'automne 2008, a permis d'accompagner 10 000 entreprises françaises, soit "200 000 emplois sauvés" selon le préfet. Dans le département, le médiateur a été saisi par 80 dirigeants. Soixante-neuf de ces dossiers ont été acceptés, soit un taux de validation supérieur au ratio national. "J'ai considéré qu'on était dans un département sans grandes entreprises, qu'on avait affaire souvent à des TPE, parfois dans des situations où ce n'était pas encore trop tard mais presque, et pour lesquelles on était un peu le dernier recours", justifie P. Saigne-Vialleix, reconnaissant ainsi être allé parfois au-delà des critères établis.

Situations plus tendues
Et si des signes de relance - encore précaires - se font jour, les dossiers qui arrivent actuellement (de l'ordre de deux, trois chaque mois) sur le bureau du médiateur s'avèrent plus complexes encore, les chefs d'entreprise ayant déjà exploré tous les dispositifs existants et tapé, entre autres, à la porte d'Oséo. Un partenaire qui s'est largement impliqué aux côtés des entreprises ayant eu recours au médiateur en garantissant les emprunts délivrés par les banques.
D'où l'inquiétude du médiateur : "Ce que l'on peut craindre maintenant, c'est que lorsque les entreprises vont rebondir, elles vont avoir des besoins accrus de financement mais aussi une situation plus difficile au niveau du banquier du fait des pertes récentes accumulées". D'où l'importance aussi pour le préfet de rappeler l'existence de la médiation et des synergies à l'œuvre avec notamment l'action du collège des chefs de service de l'État(3).
(1) Petites et moyennes entreprises et très petites entreprises.
(2) Jusqu'à fin 2010.
(3) Qui peut décider d'un plan d'apurement des dettes sociales et fiscales de l'entreprise.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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Prise de conscience
Une bienveillance qui explique de fait un taux de succès moindre (51 % contre plus de 60 % au niveau national). "Il n'empêche qu'on a réussi à faire de la pédagogie en direction de chefs d'entreprise qui ont accepté de voir que leur entreprise n'était plus viable", assume le Médiateur du crédit. Et sur l'essentiel de ces dossiers refusés, P. Saigne-Vialleix a partagé le verdict du banquier : "Je ne voyais pas comment la banque aurait pu prêter sauf à mettre en péril la vie familiale du chef d'entreprise".
Pour autant, le Médiateur ne s'est pas contenté de délivrer une nouvelle expertise : "Mon travail a consisté à regarder avec le chef d'entreprise et sa banque l'ensemble des potentialités de l'entreprise dans les années qui viennent en réfléchissant à ce qu'elle pourrait mettre en œuvre pour faire face à cette charge supplémentaire", que représente le crédit sollicité.
Philippe Saigne-Vialleix insiste d'ailleurs bien sur le fait que le médiateur ne fait pas "à la place de". "Le chef d'entreprise a toute sa responsabilité dans le dispositif. Moi, j'essaie de faire travailler les gens ensemble. C'est important que chacun conserve son rôle". Un rôle certes pas vraiment évident pour des patrons de toutes petites structures pour la plupart pas armées pour affronter une crise. Une crise qui a plus révélé des situations déjà délicates qu'elle n'en a générées.