L'Union du Cantal 30 janvier 2008 a 00h00 | Par Renaud Saint-André

Des personnalités quittent un ministre surprotégé par les gendarmes

Président et vice-présidents du Conseil régional, ainsi que l’ancien député Yves Coussain, choqués par le dispositif sécuritaire, boudent la visite du ministre Brice Hortefeux.

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Lionel Roucan, vice-président du Conseil régional, a du mal à y croire : des gendarmes lui réclament une pièce d’identité pour accéder au centre de loisirs du Rouget qui doit être inauguré par le ministre Hortefeux, par ailleurs conseiller régional siégeant dans la même assemblée que M. Roucan. Quelques minutes plus tard, rebelote avec l’ancien parlementaire Yves Coussain, stoppé par le même barrage filtrant. Il est particulièrement outré du fait que même les riverains doivent montrer patte blanche. "La République est tombée bien bas. Si j’étais encore député, je serais mort de honte !", dit-il. Ce samedi 26 janvier, juste après avoir accueilli le ministre, René Souchon, président du Conseil régional d’Auvergne, Lionel Roucan et Dominique Bru, vice-présidents, ainsi qu’Yves Coussain, député honoraire, ont quitté les lieux, scandalisés.

"À cause" de Tengiz et Zurab

"Par ce geste, ils ont voulu dénoncer le déploiement massif de forces de gendarmerie", peut-on lire dans le communiqué de presse dont s’est fendu le Conseil régional pour expliquer les raisons de cet incident diplomatique. Il y est précisé que le ministre est arrivé sur les lieux en hélicoptère ; que les "moyens humains et matériels déployés pour l’inauguration d’un simple centre de loisirs, par ailleurs sans rapport avec le ministère de M. Hortefeux, sont la marque d’une dérive des institutions". La raison de ce dispositif, réclamé par le préfet, c’est la présence du ministre de l’Immigration sur le territoire du canton qui a hébergé Tengiz et Zurab, deux géorgiens en situation irrégulière et expulsés depuis. 

Avant de tourner les talons, les conseillers régionaux et le député honoraire ont fait part au ministre des raisons de leur mécontentement.
Avant de tourner les talons, les conseillers régionaux et le député honoraire ont fait part au ministre des raisons de leur mécontentement. - © R. S.-A.

Drôle de recette...

Effectivement, une cinquantaine de manifestants attendaient pacifiquement le ministre. Brice Hortefeux a d’ailleurs immédiatement été à leur rencontre et a sollicité un entretien improvisé avec une délégation. Le départ précipité d’un certain nombre de personnalités a ému Vincent Descœur, président du Conseil général, tout comme Brice Hortefeux. Tous deux regrettaient que la tradition républicaine, assortie d’une forme de cordialité, ne soit pas respectée dans le cadre de l’accueil d’un ministre. Mais finalement, combien de militaires étaient présents ? Difficile de le savoir. Interrogé à ce sujet, le lieutenant-colonel Jannotta préfère ne pas répondre : "Un chef cuisinier ne dévoile jamais sa recette...", dit-il. Une recette qui, aux yeux de certains, a laissé un goût particulièrement amer. 

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