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Des maladies... sans barrière d'espèces

Covid-19, Ébola, zika, Lyme... : les réservoirs de ces virus se situent dans la faune sauvage dont les contacts avec les animaux d'élevage ou l'Homme sont à l'origine de pandémies...

Le concept One ealth : santés humaine, animale et environnement intimement liés.
Le concept One ealth : santés humaine, animale et environnement intimement liés.
© GDS

Louis Pasteur et ses contemporains savants du XIXe siècle avaient parfaitement intégré ce concept qui a refait surface aux détours des années 2000 à la faveur de la recrudescence et de l'émergence de maladies infectieuses : celui résumé par l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, sous le slogan "One ealth" ("une seule santé") et destiné à promouvoir et intensifier une réflexion et des actions communes entre des disciplines scientifiques qui se sont cloisonnées au fur et à mesure qu'elles se spécialisaient et accumulaient des connaissances toujours plus pointues. "Nous fonctionnons chacun en silo", reconnaissent en choeur les docteurs Février, vétérinaire libéral sur Saint-Mamet et président du syndicat des vétérinaires du Cantal, et Lachaze, médecin généraliste à Saint-Illide officiant également comme médecin du travail à la MSA, tous deux invités à une table ronde sur ce concept lors de l'assemblée générale du GDS 15. Si ces deux-là ont eu régulièrement l'occasion d'échanger sur des questions sanitaires, c'est finalement le plus souvent en tant qu'élus de leurs communes respectives que comme professionnels, la faute... à un manque de temps.

Maladies infectieuses : 60 % d'origine animale
Sans même parler du Covid-19 dont l'origine n'a pas encore été officiellement identifiée, les virus ebola, zika, de la grippe aviaire ou encore du sida démontrent cette interaction entre santés animale et humaine et leurs écosystèmes. L'Organisation mondiale pour la santé animale (OMSA) rappelle que 60 % des maladies infectieuses humaines trouvent leur essence dans le règne animal, que 70 % sont transmises par la faune sauvage, que chaque année cinq nouvelles maladies font leur apparition dont trois issues du monde animal... Des zoonoses potentiellement responsables de pandémies dont l'essor tient à la mondialisation des échanges, l'intensification des transports, la dégradation de l'environnement (déforestation, artificialisation des milieux naturels...) synonyme de destruction d'habitats. Le tout favorisé par le changement climatique qui permet à certaines espèces vectrices (tiques, moustiques...) de conquérir de nouveaux territoires et qui rebat les cartes des flux migratoires.
Pour de nombreux experts internationaux, nous sommeillons sur une bombe à retardement, des virus comme ebola pouvant causer plusieurs dizaines de millions de morts en peu de temps.

Éduquer, surveiller, dépister, échanger
Voilà le constat, pour le moins glaçant, posé, la sonnette d'alarme tirée. Comment dès lors se prémunir de tels risques ? En premier lieu par la formation des professionnels qu'ils soient vétérinaires ou médecins (peu de jeunes médecins ont croisé les symptômes d'une brucellose...) et l'éducation du grand public. "L'hygiène a été le triomphe de la médecine au XIXe siècle, c'est ainsi qu'on a vaincu la tuberculose en amenant l'eau potable", rappelle François Lachaze. Informer, prévenir, surveiller aussi avec des éleveurs, vétérinaires, mais aussi des chasseurs, pêcheurs, agents de l'OFB (Office français de la biodiversité) en première ligne de cet indispensable maillage de surveillance territoriale, fait valoir Florence Cottet, de la DDETSPP (direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations). Encore faut-il que ces acteurs soient en nombre suffisant et bien répartis sur le territoire : à cet égard, Éric Février évoque des déserts vétérinaires qui s'étendent en zones rurales. Même constat pour le docteur Lachaze : "Les généralistes, il y en a  de moins en moins dans les campagnes..." De moins en moins et de plus en plus chargés... Difficile dans ces conditions de prendre le temps d'un dialogue concerté régulier...
Cette chaîne de vigilance sanitaire associe également de plus en plus le maillon du dépistage, au travers de laboratoires comme Terana, qui se penche aussi bien sur des maladies réglementées (avec par exemple des analyses toujours en vigueur pour déceler des cas résurgents d'ESB sur des bovins à l'équarrissage ou en abattoir), de charbon symptomatique comme l'été dernier, ou encore de trichinellose, une infection parasitaire transmise à l'Homme par la consommation de viande contaminée ou pas cuite.
L'État appelé à (ré)investir
Quid de l'État dans cette politique de sécurité sanitaire ? "Avant, l'État intervenait en pompier, aujourd'hui on est sur une politique de responsabilisation, de prévention au niveau des différents acteurs et des éleveurs notamment", avance Florence Cottet. Un changement de paradigme poussé trop loin à son extrême selon Jean-Michel Vigier, président du GDS Cantal, qui regrette ce désengagement des pouvoirs publics et le transfert de la charge financière vers les éleveurs. "Le coût de cette santé animale ne devrait-elle pas aussi être à la charge de tout le monde, y compris du consommateur ?", interroge-t-il. Éric Février déplore pour sa part que ce même État ait délégué aux entreprises de l'agroalimentaire la mission de leurs propres autocontrôles conduisant aux scandales sanitaires récents. "On est à la veille d'un défaut de surveillance important", prévient le vétérinaire.
Au-delà des échanges locaux à intensifier, Éric Février croit aux vertus d'une plate-forme d'informations en cours de création à l'échelle nationale permettant à tous les intervenants en élevage d'alimenter et d'échanger des données. Un moyen d'alerter en temps direct.

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