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Covid-19 : face à l’incertitude, une “extrême vigilance” reste de mise

La France se déconfine à son rythme depuis le 11 mai. À l’heure où une partie du monde se reconfine, qu’en est-il ? Le point avec Jean-François Collin, président de l’Ordre des médecins du Cantal.

Jean-François Collin, président de l'Ordre des médecins du Cantal, deuxième en partant de la droite.
Jean-François Collin, président de l'Ordre des médecins du Cantal, deuxième en partant de la droite.
© Archives UC

Le confinement, chacun l’a vécu à sa manière depuis le 15 mars. Le déconfinement également depuis le 11 mai. Dès lors, chacun y est allé de son ressenti pour savoir comment il devait agir, se regrouper à plus de 10 ou pas, porter le masque ou pas en public, en privé, en faisant ses courses au supermarché, dans les différents commerces... Si comme l’a chanté un duo célèbre “chacun fait ce qu’il lui plaît”, en matière de santé, peut-on exercer cette même liberté ?

Face à autant d’interrogations et d’incertitudes, L’union du Cantal a demandé, mardi, à Jean-François Collin, chirurgien et président de l’Ordre des médecins du Cantal, fortement impliqué ces derniers mois avec la mise en place des centres médicaux d’arrondissement sécurisés, de faire un point sur la situation... et sur la suite car le monde entier s’agite à nouveau.

“Le virus circule encore”

Qu’en est-il de la circulation du Covid-19 dans le Cantal ?

Jean-François Collin : “Nous n’avons plus de circulation du virus depuis maintenant deux semaines environ. Nous n’avons plus de foyer actif. En revanche, nous avons une petite alerte, depuis ce week-end, qui nous vient de la Corrèze. Dans l’ensemble, la situation est saine dans le département, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas rester vigilant.”

Que sont devenus les centres de soins médicaux d’arrondissements ?

J.-F. C. : “Ils sont toujours en place, mais l’activité a été réduite. À Saint-Flour, on a arrêté l’activité médicale, plus de consultation, ni d’astreinte médicale, mais on a maintenu l’activité de test. Même chose à Mauriac. Pour autant, les locaux sont toujours équipés de matériel médical et informatique au cas où. En ce qui concerne Aurillac, nous avons gardé un système d’astreinte avec le téléphone qui reste actif (seuls les médecins connaissent le numéro, NDLR) et nous avons deux jours de consultation par semaine, le mercredi et le samedi.

Pour rappel, à la moindre alerte, doute (fièvre, céphalée, toux, diarrhée, perte de l’odorat, du goût...), on appelle le médecin traitant ou le médecin régulateur et c’est lui qui oriente si besoin.”

Le médecin que vous êtes, président du conseil de l’Ordre, estime-t-il que le déconfinement avait raison d’être ou aurait-il fallu attendre ?

J.-F. C. : “Je ne commente pas cette décision. Cela a été décidé au niveau du gouvernement. J’en prends acte comme tout le monde et je fais avec. Point barre. Il y a des experts médicaux qui ont conseillé le Président et ont décidé de maintenir le confinement jusqu’au 11 mai puis de déconfiner derrière.”

Justement, ce qui se passe depuis le 11 mai vous satisfait-il ? Comment jugez-vous le comportement des gens ?

J.-F. C. : “Je n’ai pas envie d’avoir un discours moralisateur, sévère ou de donneur de leçons. En revanche, le virus circule encore en France, au niveau de la planète - il n’y a jamais eu autant de cas à l’heure où l’on se parle - et nous n’avons pas encore atteint le pic.

Nous avons des foyers qui ont nécessité le reconfinement en Galice, en Catalogne (Espagne), en Allemagne, en Suisse... c’est tout de même à côté de chez nous ! Ensuite, on s’aperçoit que les pays “chauds” (Mexique, Brésil, Australie...)  sont aussi touchés et, malheureusement, il ne faut pas attendre une atténuation de la circulation du virus. J’insiste : il faut rester extrêmement prudent et vigilant.

On a tendance à baisser un peu la garde et en oublier les gestes barrière chez nous. On peut le comprendre, surtout quand je  dis qu’il y a zéro circulation du virus dans le Cantal. Mais un jour ou l’autre, il va arriver, je ne sais pas quand, mais il va arriver parce qu’on redémarre les transports, la saison touristique attaque et il va y avoir un déplacement important des personnes... On risque donc d’avoir une recirculation du virus.”

“On a tendance à baisser un peu la garde”

Vous considérez qu’on prend trop de risques ?

J.-F. C. : “En se protégeant, on protège les autres ! C’est là mon concept et le message que je veux faire passer. Pour protéger ceux qu’on aime, il faut se protéger d’abord. D’autant plus que maintenant, quelques experts nous disent que le virus peut rester en suspension dans l’air.Dans une pièce close, avec plusieurs personnes, on va respirer et donc prendre le risque de respirer des gouttelettes chargées de virus.Cela reste une hypothèse, mais cela inspire la prudence.

Nous ne sommes pas à l’abri d’une deuxième vague, en France et dans le Cantal. Pour éviter cela, et que cela touche trop de personnes, il faut maintenir nos gestes barrière et porter le plus souvent le masque.”

Des consignes pour l’avenir ?

J.-F. C. : “Il est fort probable que le virus recircule vu ce que l’on voit  à travers le monde, nos proches voisins, sur le territoire même. L’avantage que nous avons aujourd’hui, c’est d’être prêts car nous avons des masques, ou du moins la possibilité d’en acheter, du gel hydroalcoolique. On sait aussi comment fonctionnent les gestes barrière... On aura donc vite fait de réactiver tout cela.

Il serait dommage de perdre cet avantage, de considérer que tout est fini, que le virus ne reviendra pas, qu’il ne circule pas. Si on tombe sur quelques cas super contaminants, on peut vite avoir un nombre de malades conséquent. Si on baisse la garde, sans le port du masque, respect des gestes barrière, le virus va se réactiver. Est-ce que cela aura l’ampleur d’une deuxième vague ? Je n’en sais rien et j’espère que non.”

Petite alerte

Trois personnes, issues d’autres départements et ayant circulé dans le Cantal ces derniers jours, ont été testées positives depuis. Dans le cadre du déconfinement, un “contact tracing” a été mis en place en France. Ce protocole vise à identifier l’ensemble des personnes entrées en contact, les isoler puis les tester. Ce protocole a donc été activé mercredi 8 juillet.

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