Coup de jeune sur les outils de l’installation
Le groupe Installation des JA15s’est penché sur des leviers concrets pour lever les freins à l’installation, y compris en dépoussiérant d’anciens dispositifs qui ont jadis fait leur preuve.
Alors que la majorité de leurs confrères déjà installés scrutent avec inquiétude depuis plus de six mois la courbe du prix du lait, eux ont choisi en parallèle de prendre le temps de plancher sur un dossier tout aussi pointu et stratégique pour l’avenir de l’agriculture cantalienne mais a priori moins motivant : celui de l’installation et de la transmission, avec en ligne de mire le congrès des JA le 1er avril à Ussel. Depuis novembre, ces huit membres du groupe Installation des JA emmenés par Frédéric Lacoste se sont réunis pour expertiser les différents outils existants destinés à favoriser l’entrée dans le métier et encourager la transmission des exploitations à de jeunes repreneurs. "2015 a été à tous points de vue une année délicate, mais même avec des retards dans l’application de la nouvelle gestion régionalisée des aides à l’installation, le Cantal a maintenu une dynamique importante avec 93 installations aidées, ce qui fait de nous le premier département de la nouvelle grande Région", se félicite Frédéric Lacoste, éleveur sur le canton de Champs-sur-Tarentaine. "L’installation, c’est le dossier phare de notre syndicat jeune sur lequel nous sommes légitimes et c’est un sujet sur lequel il est selon nous important de se requestionner, pour voir ce qui fonctionne bien, moins bien, les dispositifs qui ont marché dans le passé mais qui, pour différentes raisons, budgétaires notamment, ont été supprimés par le ministère...", enchaîne le jeune responsable.
3 000 cessations à compenser sur dix ans
Première étape de cette réflexion qui les a conduits à rédiger le rapport d’orientations 2016 des JA 15 : un diagnostic chiffré des freins à l’installation. Avec un ratio implacable : sur la décennie écoulée, on a compté en moyenne chaque année une installation aidée pour trois radiations des fichiers MSA de chefs d’exploitation dans le département. Un pourcentage de renouvellement qui s’améliore en intégrant les installations non aidées et qui approche le 1 pour 2,5. Les projections sur dix ans font état de statistiques semblables et donc du même enjeu d’accroître le vivier des candidats à l’installation en allant courtiser des jeunes non issus du milieu agricole. D’où le projet du groupe de mobiliser le réseau cantonal JA pour aller promouvoir l’agriculture dans les collèges et "tenter de faire évoluer les stéréotypes qui pèsent sur notre métier". "Mieux vaut un témoignage de jeune agriculteur que de laisser à d’autres le soin d’embellir ou de salir notre profession...", glisse Frédéric Lacoste, dont le leitmotiv reste des installations viables, vivables et transmissibles. "Les effectifs dans l’enseignement agricole cantalien ne baissent pas mais entre la sortie des études agricoles et le Point info installation, on se rend compte qu’il y a de la déperdition", constatent par ailleurs Christophe Baduel (canton de Condat) et Denis Boudou (Maurs). En cause notamment : un montant de l’investissement à l’installation qui s’est envolé pour atteindre 357 000 € (+ 100 000 € en quatre ans) du fait du coût des bâtiments, de la mise aux normes et d’un prix du foncier toujours aussi élevé par rapport aux départements voisins. Le foncier, dont l’accès constitue un autre obstacle pour les jeunes motivés par le métier. "Du fait de la faiblesse des retraites et de la possibilité de continuer à percevoir l’ICHN au-delà de l’âge légal de la retraite, on voit des agriculteurs continuer à exploiter après 62 ans alors que leur exploitation permettrait d’installer un jeune", regrette Francis Flagel(1) (Condat).

Des outils à dépoussiérer
Aussi, parmi les pistes soumises pour entretenir la dynamique d’installation qui se sont enrichies au fil des rencontres du groupe avec différents interlocuteurs, les rapporteurs consacrent plusieurs propositions sur ce volet du foncier : dont un système de portage du foncier par des investisseurs extérieurs, des mesures incitatives aux bailleurs pour louer à un jeune,... En matière d’incitation à la transmission, ils estiment judicieux de rétablir une mesure du type de la pré-retraite accessible aux chefs d’exploitations malades ou qui cèdent à un jeune et formulent également des propositions relatives à une ouverture du stage de parrainage ou encore au statut du stagiaire durant cette période. Quant à l’autre nerf de la guerre, le financement, "nous appuyons les idées lancées par le réseau national JA pour prendre le relais des prêts bonifiés(2)", jugés aujourd’hui peu attractifs compte tenu des taux du marché, précise Frédéric Lacoste. En ajoutant : "Sur l’investissement, on n’a pas de demandes utopiques. On a fait le choix d’un rapport réaliste, cartésien, sans vœux pieux mais avec des propositions pragmatiques compte tenu des finances de l’État et des collectivités. Sur la mise aux normes par exemple, il vaut sans doute mieux militer pour allonger les délais..." "Pour nous, il s’agit d’être constructif et de faire en sorte que ce rapport, présenté le 1er avril au congrès, ne reste pas ensuite dans un placard mais serve à alimenter le mandat à venir", souligne Christophe Baduel. Pour autant, pas question pour ces jeunes syndicalistes de baisser pavillon, d’ailleurs eux comptent bien profiter de la grande Région pour faire valoir l’importance d’entretenir un tissu agricole dense et dynamique qui passe par l’installation. Une grande Région dont ils sont leaders et qu’ils voient comme une opportunité à s’enrichir d’échanges entre départements.
(1) Ont également participé : Benoît Julhes (Vic), Laurent Arfeuille (Aurillac), Jean Freyssinier (Mauriac), Jérémy Croutes (Montsalvy). (2) JA national propose de transférer la subvention équivalente des prêts sur la dotation jeune agriculteur (DJA), sous forme de modulation nationale.
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