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Circuits courts : pas très rationnel, mais c’est pas grave !

Les circuits courts, en agriculture, c’est un modèle qui progresse de façon importante depuis une quinzaine d’années. Mais loin de la carte postale des médias parisiens, sur le terrain, est-ce rentable pour les agriculteurs ?

Jacques Mathé estime qu’on n’est encore qu’aux prémices des circuits courts, même s’il pense qu’ils ne peuvent être qu’une diversification pour la très grande majorité des exploitations.
Jacques Mathé estime qu’on n’est encore qu’aux prémices des circuits courts, même s’il pense qu’ils ne peuvent être qu’une diversification pour la très grande majorité des exploitations.
© EH

« Il n’y a pas de risque d’avoir trop d’offres en circuits courts… quoi qu’il arrive, les producteurs engagés dans ce domaine resteront minoritaires », lance Jacques Mathé. Spécialiste de l’économie rurale, ce professeur associé à l’Université de Poitiers se penche depuis des années sur la production agricole et ses débouchés. « Depuis 70 ans, l’agriculture et l’agroalimentaire français était sur un chemin industriel, et la tendance des circuits courts requestionne ce modèle ». Une agriculture qui était d’ailleurs très homogène. « Depuis le début des années 2000, il y a plus de diversité dans l’agriculture. On voit de plus en plus d’agriculteurs qui sont dans des débouchés mixtes ». Mais selon lui, cette évolution ne peut se faire qu’à la marge.

Le contact avec les acheteurs
« Quand on livre un million de litres de lait à sa coopérative, impossible de tout transformer et vendre en direct ». Notamment parce que la vente directe est très gourmande en main-d’œuvre. « Si on rapporte au nombre d’heures travaillées, économiquement, ce n’est pas rentable. D’ailleurs, ceux qui réussissent bien ont souvent une très bonne efficience, et une énorme organisation. » Mais alors, pourquoi tant d’agriculteurs se mettent aux circuits courts, et surtout, continuent ? Selon Jacques Mathé, c’est l’envie de faire de la vente directe, d’être en contact avec les acheteurs, qui fait tout. « Les circuits courts, ce n’est pas un milieu de rationalité, mais de plaisir. Mon fils, qui s’est installé à Niort et fait de la fleur d’ail, n’a pas de plus grand bonheur que d’aller à Plaisirs Fermiers, pour vendre ses produits et ceux des autres agriculteurs ». Parmi les exploitations qui font de la vente directe, ce sont souvent les mixtes, qui commercialisent une part de leur production via des coopératives ou négoces, qui s’en sortent le mieux. Dans le maraîchage, le turn-over est plus important, sûrement parce que certains s’installent sans vraiment connaître l’agriculture, et avec la seule expérience de leur jardin. « S’installer avec une binette, sans rien calculer, ce n’est pas possible. Les circuits courts sont plus adaptés à la diversification d’une exploitation agricole ». Autre intérêt : la clientèle. « C’est le seul modèle économique où on n’a pas vraiment besoin de chercher les clients », assure l’économiste, qui ajoute que la demande augmente à la fois en volumes et en gammes de produits. « Et puis je crois que quand on a goûté à la vente directe, on adore. Dans les grandes cultures, la conjoncture est loin d’être très réjouissante. Faire de la vente directe en transformant du blé en farine, par exemple, c’est souvent motivant pour les agriculteurs. Et puis, ça permet un contact intéressant avec le grand public, qui est souvent méfiant vis-à-vis du monde agricole ». Du plaisir, du contact et du partage, au final, les circuits courts correspondent plutôt bien avec l’alimentaire…

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