Airlinair confirme son intérêt pour la ligne Aurillac-Paris
La ligne aérienne Aurillac-Paris n’existe que grâce à des subventions de l’État et des collectivités. Rencontre avec la compagnie Airlinair, qui dessert Aurillac depuis 2002.

Rungis, à quelques kilomètres de l’aéroport d’Orly : c’est là, dans une immense zone d’activités, qu’est situé le siège social d’Airlinair. La "petite" compagnie emploie 450 salariés, dont quelque 280 pilotes et personnels navigants. Elle gère une flotte de 24 avions qui ont transporté l’année dernière plus de 800 000 passagers au rythme de 130 vols par jour. Au cœur du système, un centre de contrôle qui règle sept jours sur sept, 24 heures sur 24, le ballet des avions. Parmi les lignes régulières régionales gérées par Airlinair, celle d’Aurillac est la plus petite en nombre de passagers. Elle fait partie des liaisons dites "d’aménagement du territoire", pour lesquelles la compagnie attributaire, retenue après un appel d’offres européen pour une durée de trois ans, est soumise à une obligation de service public (OSP). "Ce sont des lignes qui, du fait d’un trafic insuffisant, sont structurellement déficitaires. Les grandes compagnies s’en sont détournées à partir de 1992, suite à la libéralisation de l’espace aérien européen", explique Lionel Guérin.
Attaché à la ligne
Si la compagnie n’atteint pas les objectifs de fréquentation, elle en
est de sa poche, le déficit prévisionnel fixé dans l’appel d’offres
correspondant à un maximum non renégociable. Pour autant, Airlinair se
dit attachée à cette ligne : "Si nous ne l’avions plus, nous devrions
tout de suite la remplacer par une autre ligne au départ de Paris pour
des raisons d’équilibre financier", avoue Lionel Guérin, en expliquant
qu’il postulera lors du prochain appel d’offres (il était resté seul en
lice lors du précédent). Mais, malgré les subventions publiques, le
prix du billet reste élevé. "Si on augmente trop les tarifs, on perd
les séniors et la clientèle des particuliers. Si on les baisse, c’est
le déficit qui se creuse", commente le PDG. Diminuer le déficit en
utilisant un avion de 19 places plutôt que 48 comme actuellement ?
"Partout où le 19 places est passé, la ligne a trépassé", rétorque
Lionel Guérin, "car on n’attire plus alors qu’une clientèle d’affaires,
qui doit payer le billet au prix fort", dit-il. "Y’a qu’à Aurillac
qu’on a ces polémiques", répond-il enfin quand on l’interroge sur les
dysfonctionnements de la ligne. "La régularité annuelle "cause
compagnie" est à mai 2007 de 99,32 % contre 99,21 % sur l’ensemble de
notre réseau", se défend-il. "D’ailleurs, l’OSP nous oblige à une
certaine qualité de service en-dessous de laquelle nous subissons des
pénalités", poursuit le PDG, en précisant que la livraison récente d’un
avion de réserve devrait permettre d’améliorer encore la régularité.
L’État a créé un fonds de péréquation, le Fiata (Fonds d’intervention pour les aéroports et le transport aérien) qui, alimenté par une taxe perçue auprès des passagers des transports aériens, finance le fonctionnement de 79 "liaisons d’aménagement du territoire". Airlinair en gère cinq, dont celle d’Aurillac, la seule à bénéficier d’une participation majorée du Fiata à son déficit. Lionel Guérin aligne les chiffres : à 100 euros la place en moyenne, les 18 000 passagers prévisionnels représentent une recette commerciale de 1,8 million d’euros ; alors qu’Airlinair chiffre le coût du service à 4,3 millions d’euros. Reste un déficit annuel de 2,5 millions d’euros, financé à hauteur de 1,3 million par l’État, et pour le reste par les collectivités locales.